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AULU-GELLE


tieuses, exagérées, et était pris en mauvaise part. » Mais Nigidius ne donne pas toute l'étendue du sens de ce mot. Religiosus a souvent une autre signification ; il se dit de l'homme chaste et pur, scrupuleux observateur de ses devoirs, qui ne sort jamais des règles, des limites de ce qui doit être fait. Ce mot s'emploie encore de différentes manières, et même il a deux sens bien distincts dans les expressions dérivées, telles que les suivantes ; religiosi dies, religiosa delubra. On appelle religiosi dies les jours malheureux, les jours de mauvais augure, pendant lesquels on ne peut ni offrir de sacrifices, ni entreprendre aucune affaire. Le vulgaire ignorant les appelle à tort jours néfastes. M. Cicéron, dans le neuvième livre de ses Lettres à Atticus, s'exprime ainsi : « Nos ancêtres ont voulu que la journée de la bataille de l'Allia fût regardée comme plus funeste que celle de la prise de Rome, parce que le second de ces malheurs fut la suite du premier. Aussi l'anniversaire de la première journée a été mis au rang des jours appelés religiosi, tandis que celui de la seconde est oublié. »

Cependant le même M. Tullius, dans son discours sur les Droits des accusateurs, emploie l'expression, delubra religiosa, par laquelle il n'entend pas des temples attristés par de mauvais présages, mais des lieux qui inspirent le respect par leur majesté