moisson. Ayant ainsi parlé, le laboureur se retire. A peine
l'alouette est-elle de retour, que ses petits, tremblants, s'empressent autour d'elle et la prient de chercher un autre asile : car le
maître du champ, disent-ils, a fait prévenir ses amis pour qu'ils
viennent moissonner au point du jour. La mère les rassure et
leur dit : « Si le maître compte sur ses amis pour la moisson, les
blés ne seront pas coupés demain ; il n'est pas nécessaire que je
vous emmène aujourd'hui. » Le lendemain, la mère retourne à la
pâture. Le maître attend ceux qu'il a mandés ; cependant, le soleil
devient plus ardent ; le temps se passe, point d'amis. Alors,
s'adressant à son fils : « Ma foi, dit-il, ces amis-là sont de grands
paresseux. Que n'allons-nous plutôt chez nos parents, chez nos
alliés, cliez nos voisins, les prier de venir demain nous aider ? »
Les petits, effrayés, rapportent cette nouvelle à leur mère. « Ne
craignez rien, dit celle-ci, les parents, les alliés ne sont pas assez
diligents pour venir aider au premier mandement ; mais faites
maintenant bien attention à tout ce qu'on dira. Le jour suivant,
l'alouette fait sa course ordinaire. Les parents, les alliés invités à
prêter le secours de leurs bras ne paraissent pas. Enfin le maître
dit à son fils : « Laissons là parents et amis ; au point du jour,
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