Page:Aulu-Gelle - Œuvres complètes, éd. Charpentier et Blanchet, 1919, I.djvu/159

Cette page n’a pas encore été corrigée
148
AULU-GELLE


moisson. Ayant ainsi parlé, le laboureur se retire. A peine l'alouette est-elle de retour, que ses petits, tremblants, s'empressent autour d'elle et la prient de chercher un autre asile : car le maître du champ, disent-ils, a fait prévenir ses amis pour qu'ils viennent moissonner au point du jour. La mère les rassure et leur dit : « Si le maître compte sur ses amis pour la moisson, les blés ne seront pas coupés demain ; il n'est pas nécessaire que je vous emmène aujourd'hui. » Le lendemain, la mère retourne à la pâture. Le maître attend ceux qu'il a mandés ; cependant, le soleil devient plus ardent ; le temps se passe, point d'amis. Alors, s'adressant à son fils : « Ma foi, dit-il, ces amis-là sont de grands paresseux. Que n'allons-nous plutôt chez nos parents, chez nos alliés, cliez nos voisins, les prier de venir demain nous aider ? » Les petits, effrayés, rapportent cette nouvelle à leur mère. « Ne craignez rien, dit celle-ci, les parents, les alliés ne sont pas assez diligents pour venir aider au premier mandement ; mais faites maintenant bien attention à tout ce qu'on dira. Le jour suivant, l'alouette fait sa course ordinaire. Les parents, les alliés invités à prêter le secours de leurs bras ne paraissent pas. Enfin le maître dit à son fils : « Laissons là parents et amis ; au point du jour,