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AULU-GELLE

Alors Fronton prenant la parole : « Je ne nierai pas, dit-il à Favorinus, que la langue grecque, et tu parais la connaître à fond, ne soit plus riche et plus abondante que la nôtre ; mais, pour désigner les couleurs dont tu parlais tout à l'heure, nous ne sommes pas aussi pauvres que tu le crois. En effet, pour désigner le rouge, nous ne sommes pas bornés aux mots rufus, ruber, nous en avons plus que tu n'en as cité tout à l'heure en grec. Fulvus, flavus, rubidus, phœniceus, rutilus, luteus, spadix, sont en effet autant de mots qui expriment les nuances de la couleur rouge ; le rouge vif ardent, le rouge mêlé de vert, le rouge rembruni ou éclairci par une teinte sombre. Phœniceus, dérivé du grec φοῖνιξ , que tu viens de citer; rutilus et spadix, synonymes de phœniceus, et dérivés aussi du grec, désignent le rouge brillant et vif ; c'est la teinte des fruits du palmier avant leur parfaite maturité. C'est même du nom de ces fruits que viennent les mots spadix et phœniceus ; car les Doriens appellent spadix une branche de palmier arrachée de l'arbre avec son fruit. Fulvus désigne une couleur mêlée de rouge et de vert ; tantôt c'est le vert, tantôt c'est le rouge qui domine. Ainsi le poète le plus scrupuleux dans le choix des expressions, Virgile, a appliqué cette épithète à l'aigle, au jaspe, à une coiffure de peau de loup,