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LES NUITS ATTIQUES, LIVRE II


inférieur à son modèle ! Il n'y a pas une plus grande différence entre les armes de Diomède et celles de Glaucus. Nous arrivâmes à cette scène où un vieillard se plaint de sa femme fort laide, mais très-riche, qui vient de le contraindre à vendre une esclave jeune et jolie, entendue au service, qu'elle soupçonnait d'être la maîtresse de son mari. Je ne dirai pas combien ces deux auteurs diffèrent dans cette scène; il suffit de mettre les deux morceaux sous les yeux du lecteur. Commençons par Ménandre :

« Ma riche épouse va dormir tranquillement sur l'une et l'autre oreille, après l'importante et mémorable expédition qu'elle vient de faire. Elle en est venue à ses fins : cette fille lui faisait ombrage, elle l'a chassée de la maison, pour que tous les regards s'arrêtent sur le visage gracieux de ma Cléobyle. Ma femme, ma souveraine, est vraiment charmante : c'est l'âne au milieu des singes. Mais à quoi bon ces plaintes ? je veux me taire et oublier cette nuit, cause de tous mes chagrins. Malheur à moi d'avoir épousé cette Cléobyle avec ses dix talents ! Une femme haute d'une coudée ! et elle est d'une fierté, d'une insolence qui me poussent à bout ; par Jupiter