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AULU-GELLE


sont injustes, le fils ne doit point agir, parce que le mal est défendu. Ils concluent ensuite en disant : un fils ne doit donc jamais obéir aux ordres que lui donne son père. Mais cette conclusion est inadmissible ; c’est une subtilité qui ne mérite pas la moindre attention, comme nous le prouverons bientôt. La première des trois propositions citées plus haut, savoir : qu’il faut avant tout obéir aux ordres d’un père, n’est ni vraie ni raisonnable. Qu’arrivera-t-il en effet si un père ordonne à son fils de trahir sa patrie, de tuer sa mère, ou d’accomplir une action honteuse ou infâme ? Ici, le parti le plus sage et le plus sûr est le moyen terme : il faut en certains cas obéir, désobéir en d’autres. Mais lorsque l’on est contraint de désobéir aux ordres d’un père il faut le faire avec mesure, avec respect, sans éclat, sans reproches amers ; de telle sorte que l’on ait plutôt l’air d’éluder les ordres paternels, que de les repousser. Quant à la conclusion rapportée plus haut, à savoir que l’on ne doit jamais obéir, elle est fausse ; voici comment on peut la réfuter et même la renverser : Toutes les actions des hommes, de l’avis des plus illustres philosophes, sont honnêtes ou déshonnêtes. Tout ce qui est honnête en soi, comme, par exemple, garder la foi jurée, défendre sa patrie, aimer ses amis, nous devons le faire, qu’un père nous