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LE RAMEAU D’OR

ne me refusez pas cette grâce, elle me consolera de tout le mépris que l’on a pour moi. La petite vieille lui donna le manchon de vertu et de beauté ; Trognon ne se méprit point, elle souffla par le côté blanc, et remercia la fée, qui disparut aussitôt.

Elle était ravie du bon choix qu’elle avait fait ; et quelque sujet qu’elle eût d’envier l’incomparable beauté de la bergère peinte sur les vitres, elle pensait, pour s’en consoler, que la beauté passe comme un songe ; que la vertu est un trésor éternel et une beauté inaltérable, qui dure plus que la vie : elle espérait toujours que le roi son père se mettrait à la tête d’une grosse armée, et qu’il la tirerait de la tour.

Elle attendait le moment de la voir avec mille impatiences, et elle mourait d’envie de monter au donjon pour voir arriver le secours qu’elle attendait. Mais comment grimper si haut ? Elle allait dans sa chambre moins