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LA BELLE AUX CHEVEUX D’OR.

continua-t-elle, il faut que vous me rendiez un autre service sans lequel je ne me marierai jamais. Il y a un prince, qui ne demeure pas loin d’ici, appelé Galifron, lequel s’est mis dans l’esprit de m’épouser. Il m’a fait déclarer son dessein avec des menaces épouvantables, et a dit que si je le refusais il désolerait mon royaume ; mais jugez si je pouvais l’accepter, c’est un géant qui est plus grand qu’une haute tour ; il mange un homme comme un singe mange un marron. Quand il va à la campagne, il porte dans ses poches de petits canons, dont il se sert au lieu de pistolets ; et lorsqu’il parle bien haut, ceux qui sont près de lui deviennent sourds. Je lui mandai que je ne voulais point me marier, et qu’il m’excusât ; cependant il n’a point laissé de me persécuter ; il tue tous mes sujets, et avant toutes choses il faut vous battre contre lui, et m’apporter sa tête.

Avenant demeura un peu étourdi de cette proposition ; il rêva quelque temps, et puis dit : Hé bien ! madame, je combattrai Galifron, je crois que je serai vaincu ; mais je mourrai en brave. La princesse resta bien étonnée : elle lui dit mille chose pour l’empêcher de faire cette entreprise. Cela ne servit de rien, il se retira pour aller chercher des armes et tout ce qui lui fallait, il remit le petit Cabriolle dans son panier, il monta sur son beau cheval, et fut dans le pays de Galifron. Il demandait de ses nouvelles à ceux qu’il rencontrait, et chacun lui disait que c’était un vrai démon, dont on n’osait approcher : plus il entendait dire cela, plus il avait peur. Cabriolle le rassurait, et lui disait : Mon cher maître, pendant que vous