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LA PRINCESSE ROSETTE.

venir ouvrir la prison et les mettre en liberté, ainsi qu’ils l’espéraient, le geôlier vint avec des soldats, et les fit descendre dans une cave toute noire, pleine de vilaines bêtes, où ils avaient de l’eau jusqu’au cou : l’on n’a jamais été plus étonné, ni plus triste. Hélas ! disaient-ils l’un à l’autre, voilà de tristes noces pour nous ! Qu’est-ce qui peut nous procurer un si grand malheur ? Ils ne savaient au monde que penser, sinon qu’on voulait les faire mourir.

Trois jours se passèrent sans qu’ils entendissent parler de rien. Au bout de trois jours, le roi des paons vint leur. dire des injures par un trou. Vous avez pris le titre de roi et de prince, leur cria-t-il, pour m’attraper, et pour m’engager à épouser votre sœur ; mais vous n’êtes tous que des misérables, qui ne valez pas l’eau que vous buvez. Je vais vous donner des juges, qui feront bien vite votre procès ; l’on file déjà la corde dont je vous ferai pendre. — Roi des paons, répondit le roi en colère, n’allez pas si vite dans cette affaire, car vous pourriez vous en repentir. Je suis roi comme vous, j’ai un beau royaume, des habits et des couronnes, et de bons écus ; vous êtes bien plaisant de nous vouloir faire pendre ; est-ce que nous avons volé quelque chose ?

Quand le roi l’entendit parler si résolument il ne savait où il en était, et il avait quelquefois envie de les laisser aller avec leur sœur, sans les faire mourir ; mais son confident, qui était un vrai flatteur, l’encouragea ; lui disant que s’il ne se vengeait, tout le monde se moquerait de lui, et qu’on le prendrait pour un petit roitelet. Il jura de ne leur point pardonner, et il commanda que l’on fit leur procès. Cela