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LA PRINCESSE ROSETTE.

L’on alla avertir le roi que la princesse approchait. Eh bien, dit-il, ses frères m’ont-ils dit vrai ? Est-elle plus belle que son portrait ? — Sire, dit-on, c’est bien assez qu’elle soit aussi belle. — Oui, dit le roi, j’en serai bien content : allons la voir. Car il entendit, par le grand bruit que l’on faisait dans la cour, qu’elle arrivait, et il ne pouvait rien distinguer de ce que l’on disait, sinon, fi, fi, qu’elle est laide ! Il crut qu’on parlait de quelque naine ou de quelque bête qu’elle avait peut-être amenée avec elle, car il ne pouvait lui entrer dans l’esprit que ce fût effectivement d’elle-même.

L’on portait le portrait de Rosette au bout d’un grand bâton tout découvert, et le roi marchait gravement après, avec tous ses barons et tous ses paons, puis les ambassadeurs des royaumes voisins. Le roi des paons était impatient de voir sa chère Rosette ; dame ! quand il l’aperçut, il faillit mourir sur place ; il se mit dans la plus grande colère du monde ; il déchira ses habits ; il ne voulait pas l’approcher : elle lui faisait peur.

Comment, dit-il, ces deux marauds que je tiens dans mes prisons ont bien de la hardiesse de s’être moqués de moi et de m’avoir proposé d’épouser une magotte comme cela : je les ferai mourir. Allons, que l’on enferme tout à l’heure cette pimbêche, sa nourrice et celui qui les amène ! Qu’on les mette au fond de ma grande tour !

D’un autre côté, le roi et son frère, qui étaient prisonniers, et qui savaient que leur sœur devait arriver, s’étaient habillés de beau pour la recevoir. Au lieu de