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LA PRINCESSE ROSETTE.

sant jap, jap, jap, avec mille sauts et mille cabrioles.

Frétillon réjouissait fort la compagnie ; il se mit tout d’un coup à courir dans un petit bois. La princesse le suivit, et jamais l’on n’a été plus émerveillé qu’elle le fut, de voir dans ce bois un grand paon qui faisait la roue, et qui lui parut si beau, si beau, qu’elle n’en pouvait retirer ses yeux. Le roi et le prince arrivèrent auprès d’elle, et lui demandèrent à quoi elle s’amusait. Elle leur montra le paon, et leur demanda ce que c’était que cela. Ils lui dirent que c’était un oiseau dont on mangeait quelquefois. Quoi ! dit-elle, l’on ose tuer un si bel oiseau et le manger ? Je vous déclare que je ne me marierai jamais qu’au roi des paons, et quand j’en serai la reine, j’empêcherai bien que l’on en mange. L’on ne peut dire l’étonnement du roi. Mais, ma sœur, lui dit-il, où voulez-vous que nous trouvions le roi des paons ? — Où il vous plaira, sire, mais je ne me marierai qu’à lui.

Après avoir pris cette résolution, les deux frères l’emmenèrent à leur château, où il fallut apporter le paon, et le mettre dans sa chambre, car elle l’aimait beaucoup. Toutes les dames qui n’avaient point vu Rosette, accoururent pour la saluer et lui faire la cour ; les unes lui apportaient des confitures, les autres du sucre, les autres des robes d’or, de beaux rubans, des poupées, des souliers en broderie, des perles, des diamants, on la régalait partout ; et elle était si bien apprise, și civile, baisant la main, faisanț la révérence quand on lui donnait quelque belle chose, qu’il n’y avait personne qui ne s’en retournât content.