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La Princesse

le rechauffa, il ſembloit que tous ſes ſoins n’eſtoient plus que pour luy ; un inſtinct particulier l’engagea d’aller chercher des fruits, de les becqueter, & d’en verſer le jus dans la bouche vermeille du petit Prince : enfin elle le nourrit ſi bien que la Reine ſa mere n’auroit ſçû le nourrir mieux.

Lorſque les Aiglons furent un peu forts, l’Aigle les prit tour à tour, tantoſt ſur ſes aiſles, tantoſt dans ſes ſerres, & les accoûtuma ainſi à regarder le Soleil ſans fermer la paupiere. Les Aiglons quittoient quelquefois leur mere, & voltigeoient un peu autour d’elle ; mais pour le petit Prince il ne faiſoit rien de tout cela, & lors qu’elle l’élevoit en l’air, il couroit grand riſque de tomber & de ſe tuer.