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Carpillon.

paſſé la nuit ſans teter, ſe prit à crier de toute ſa force ; celuy qui le tenoit cueillit des figues & luy en mit dans la bouche. La douceur de ce fruit l’appaiſa un peu, ainſi il le porta tout le jour juſqu’à la nuit ſuivante, qu’il entra dans une vaſte & ſombre foreſt : il ne voulut pas s’y engager crainte d’eſtre dévoré luy-meſme, & le lendemain il s’avança avec la corbeille qu’il tenoit toûjours. La foreſt eſtoit ſi grande, que de quelque coſté qu’il regardaſt il n’en pouvoit voir le bout : mais il apperçut dans un lieu tout couvert d’arbres, un Rocher qui s’élevoit en pluſieurs pointes differentes : voicy ſans doute, diſoit-il, la retraite des beſtes les plus cruelles, il y faut laiſſer l’enfant,