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dans cette entreprise ; ainsi je leur prépare plusieurs occasions de se perdre.

— Nous verrons, dit la reine, si le succès répondra à votre attente, mais comptez que cela seul peut vous dérober à ma juste fureur. » Feintise se retira plus alarmée que jamais, cherchant dans son esprit tout ce qui pouvait les faire périr.

Le moyen quelle en avait trouvé à l’égard du prince Chéri était un des plus certains, car l’Eau qui danse ne se puisait pas aisément : elle avait fait tant de bruit par les malheurs qui étaient arrivés à ceux qui la cherchaient, qu’il n’y avait personne qui n’en sût le chemin : son cheval blanc allait d’une vitesse surprenante : il le pressait sans quartier, parce qu’il voulait revenir promptement auprès de Belle Étoile, et lui donner la satisfaction qu’elle se promettait de son voyage. Il ne laissa pas de marcher huit jours et huit nuits de suite sans se reposer ailleurs que dans les bois sous le premier arbre, sans manger autre chose que les fruits qu’il trouvait sur son chemin, et sans laisser à son cheval qu’avec peine le temps de brouter l’herbe. Enfin au bout de ce temps-là, il se trouva dans un pays dont l’air était si chaud qu’il commença de souffrir beaucoup. Ce n’était point que le soleil eût plus d’ardeur ; il ne savait à quoi en attribuer la cause, lorsque du haut d’une montagne ii aperçut la Forêt Lumineuse, tous les arbres brûlaient sans se consumer, et jetaient des flammes en des lieux si éloignés que la campagne était aride et déserte. L’on entendait dans cette forêt siffler les serpents