voici une reine, que la fée Protectrice nous a chargés d’amener ; prenez soin de la divertir autant que vous le pourrez. » En même temps elle se vit entourée d’animaux de toutes espèces, qui lui faisaient de grands complimens. « Vous serez notre reine, lui disaient-ils, il n’y a point de soins et de respects que vous ne deviez attendre de nous. — Où suis-je, s’écria-t-elle, par quel pouvoir surnaturel me parlez-vous ? » Un des petits serins, qui ne la quittait point, lui dit à l’oreille : « Il faut que vous sachiez, madame, que plusieurs fées s’étant mises à voyager, se chagrinèrent de voir des personnes tombées dans des défauts essentiels ; elles crurent d’abord qu’il suffirait de les avertir de se corriger ; mais leurs soins furent inutiles, et venant tout d’un coup à se chagriner, elles les mirent en pénitence ; elles firent des perroquets, des pies et des poules de celles qui parlaient trop ; des pigeons, des serins et des petits chiens, des amans et des maîtresses ; des singes de ceux qui contrefaisaient leurs amis ; des cochons, de certaines gens qui aimaient trop la bonne chère ; des lions des personnes colères ; enfin le nombre de ceux qu’elles mirent en pénitence fut si grand, que ce bois en est peuplé, de sorte que l’on y trouve des gens de toutes qualités et de toutes humeurs.
— Par ce que vous venez de me raconter, mon cher petit serin, lui dit la reine, j’ai lieu de croire que vous n’êtes ici que pour avoir trop aimé. — Il est vrai, madame, répliqua le serin.