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LA PRINCESSE

partir, et bien qu’il n’eût qu’un petit bateau, il obéit.

Comme le jour approchait, le roi, la reine et tout le monde ayant un peu secoué les oreilles, et frotté leurs yeux, ne songèrent plus qu’à conclure le mariage de la princesse. La reine empressée demanda son riche diadème pour se coiffer ; mais on le chercha inutilement de tous côtés.

Le roi voulut à son tour mettre son brillant poignard ; l’on commença tout de même à fureter partout, et l’on ouvrit nombre de coffres et de cassettes, dont il y avait plus de cent ans que les clefs étaient perdues ; l’on y trouva mille raretés, des poupées qui remuaient le tête et les yeux, des brebis d’or avec leurs petits agneaux, de bonnes écorces de citron et des noix confites ; mais cela ne pouvait consoler le roi. Son désespoir était si grand, qu’il s’arrachait la barbe, la reine par compagnie s’arrachait les cheveux ; car en vérité le diadème et le poignard valaient plus que dix villes grandes comme Madrid.

Quand le roi vit qu’il n’y avait point d’espérance de rien retrouver, il dit à la reine : « Mamour, prenons courage, et dépêchons-nous d’achever la cérémonie qui nous coûte déjà si cher. » Il demanda où était la princesse ; sa nourrice s’avança, et lui dit : « Monseigneur, je vous assure qu’il y a plus de deux heures que je la cherche sans la pouvoir trouver. » Ces paroles mirent le comble à la douleur du roi et de la reine ; elle se prit à crier comme un