la reine qu’elle avait ôté pour dormir plus à son aise. Elle donna sa main blanche à Fanfarinet pour sortir ; il la prit, et mettant un genou en terre : « Je jure, dit-il, à votre altesse, une fidélité et une obéissance éternelle ; grande princesse, vous faites tout pour moi, que ne voudrais-je pas faire pour vous ! » Ils sortirent du palais ; l’ambassadeur portait une lanterne sourde, et par des rues fort crottées ils furent au port ; ils entrèrent dans un petit bateau, où il y avait un pauvre vieux batelier qui dormait : ils l’éveillèrent ; et quand il vit Printanière si belle, avec tant de diamans et son écharpe de toile d’araignée, il la prit pour le déesse de la nuit, et se mit à genoux devant elle : mais comme il ne fallait pas s’amuser, elle lui ordonna de partir : c’était beaucoup hasarder, car on ne voyait ni la lune ni les étoiles ; le temps était encore couvert de la pluie que Carabosse avait excitée. Il est vrai qu’il y avait une escarboucle au couvre-chef de la reine, qui brillait plus que cinquante flambeaux allumés ; et Fanfarinet (à ce qu’on dit) se serait bien passé de la lanterne sourde : il y avait aussi une pierre qui rendait invisible.
Fanfarinet demanda à la princesse où elle voulait aller ? « Hélas ! dit-elle, je veux aller avec vous ; je n’ai que cela dans l’esprit. — Mais, lui dit-il, madame, je n’ose vous conduire chez le roi Merlin ; car nous y serions infailliblement découverts. — Hé bien, répliqua-t-elle, allons à l’île déserte des Écureuils ; elle est assez éloignée pour qu’on ne nous y suive pas. » Elle commanda au marinier de