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LUTIN

La dernière aventure qu’il eut, fut la plus agréable. En entrant dans une grande forêt, il entendit les cris plaintifs d’une jeune personne ; il ne douta point qu’on ne lui fit quelque violence ; il regarda de tous côtés, et enfin il aperçut quatre hommes bien armés, qui emmenaient une fille, qui paraissait avoir treize, ou quatorze ans. Il s’approcha au plus vite, et leur cria : « Que vous a fait cette enfant pour la traiter comme une esclave ? — Ha, ha, mon petit seigneur, dit le plus apparent de la troupe, de quoi vous mêlez-vous ? — Je vous ordonne, ajouta Léandre, de la laisser tout à l’heure. — Oui, oui, nous n’y manquerons pas, s’écrièrent-ils en riant. » Le prince en colère descend de son cheval, et met le petit chapeau rouge ; car il ne trouvait pas trop nécessaire d’attaquer lui seul quatre hommes, qui étaient assez forts pour en battre douze.

Quand il eut son petit chapeau, bien fin qui l’aurait vu ; les voleurs dirent : « Il a fui, ce n’est pas la peine de le chercher ; attrapons seulement son cheval. Il y en eut un qui resta avec la jeune fille pour la garder, pendant que les trois autres coururent après Gris-de-Lin, qui leur donnait bien de l’exercice : la petite fille continuait de crier et de se plaindre. « Hélas ! ma belle princesse, disait-elle, que j’étais heureuse dans votre palais ! Comment pourrai-je vivre éloignée de vous ? Si vous saviez ma triste aventure, vous enverriez vos amazones après la pauvre Abricotine. » Léandre l’écoutait, et sans tarder, il saisit le bras du voleur qui la retenait,