le carrosse, les ratons et les marionnettes. Cette nouveauté étonna si fort Truitonne, qu’elle s’écria deux ou trois fois : « Mie-Souillon, Mie Souillon, veux-tu cinq sous du carrosse et de ton attelage souriquois ? — Demandez aux gens de lettres et aux docteurs de ce royaume, dit Florine, ce qu’une telle merveille peut valoir, et je m’en rapporterai à l’estimation du plus savant. » Truitonne, qui était absolue en tout, lui répliqua : « Sans m’importuner plus long-temps de ta crasseuse présence, dis-m’en le prix ? — Dormir encore dans le cabinet des échos, dit-elle, est tout ce que je demande. — Va, pauvre bête, répliqua Truiloane, tu n’en seras pas refusée. » Et se tournant vers ses dames : « Voilà une sotte créature, dit-elle, de retirer si peu d’avantage de ses raretés. »
La nuit vinť, Florine dit tout ce qu’elle put imaginer de plus tendre, et elle le dit aussi inutilement qu’elle avait déjà fait, parce que le roi ne manquait jamais de prendre son opium. Les valets de chambre disaient entr’eux : « Sans doute cette paysanne est folle ; qu’est-ce qu’elle raisonne toute la nuit ? Avec cela, disaient les autres, il ne laisse pas d’y avoir de l’esprit et de la passion dans ce qu’elle conte. » Elle attendait impatiemment le jour, pour voir quel effet ses discours auraient produit. « Quoi ! ce barbare est devenu sourd à ma voix, disait-elle ? Il n’entend plus sa chère Florine ! Ah ! quelle faiblesse de l’aimer encore ! que je mérite bien les marques de mépris qu’il me donne ! » Mais elle y pensait inutilement,