Page:Aulard - Histoire politique de la Révolution française.djvu/41

Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE II

L’idée républicaine et démocratique au début de la Révolution.

I. Convocation des États généraux : les cahiers. — II. Formation de l’Assemblée nationale. — III. Prise de la Bastille et révolution municipale. — IV. Déclaration des droits. — V. Conséquences logiques de la Déclaration.

Les premiers événements de la Révolution n’amenèrent pas tout de suite la formation d’un parti républicain ou d’un parti démocratique. Mais, à l’insu des Français d’alors et contre leur volonté, ces premiers événements engagèrent la France dans une voie qui menait à la démocratie et à la république. Nous allons dire comment on s’engagea dans cette voie, quand on croyait prendre la voie opposée ; nous allons esquisser le tableau des circonstances où furent organisées la monarchie et la bourgeoisie.

I. On a vu qu’en 1789 il semblait qu’il y eût deux Frances : la France instruite et la France ignorante ; la France riche et la France pauvre. Ces droits politiques que des publicistes réclament pour les Français, c’est seulement pour les Français instruits et riches qu’ils les réclament. Les propriétaires seront citoyens actifs, auront seuls le droit de vote. Les non-propriétaires ne seront que citoyens passifs. La nation, c’est la bourgeoisie.

Il y a comme un fossé entre la bourgeoisie et le peuple. La bourgeoisie s’exagère l’inintelligence et l’inconscience du peuple, surtout de la masse rurale. Il y a malentendu entre les deux classes. Pour que ce malentendu se dissipe, il faudra un colloque, une mise en présence de la bourgeoisie avec tout le peuple.

C’est ce qu’amène la convocation des États généraux.

Aux assemblées de paroisse, le Tiers état est admis presque tout entier, avec une mince restriction censitaire, à savoir la condition