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officiel, mais si court et si sec, qu’il ne peut donner une idée des luttes de tribune. Je me sers du procès-verbal pour fixer la suite et comme le cadre des débats, et j’ai recours ensuite aux comptes rendus des journaux, surtout du Journal des Débats et des Décrets et du Moniteur, pour toute la Révolution à partir de 1790, et, pour certaines périodes, du Point du Jour, du Journal logographique et du Républicain français. Il n’y a pas de sténographie. Parfois le journaliste donne un discours d’après le manuscrit que lui a remis l’orateur. Le plus souvent il reconstitue après coup les opinions et les débats d’après les notes qu’il a prises en séance. Je prends, selon l’occasion, celui de ces comptes rendus qui me paraît le plus clair, le plus complet, le plus vraisemblable. Il m’arrive aussi d’en utiliser plusieurs à la fois pour un débat, en indiquant les changements de source. Quand je ne cite pas de source, c’est que je me suis servi du Moniteur.

Beaucoup de discours et de rapports furent imprimés à part, par les soins des orateurs eux-mêmes, sur l’ordre ou sans l’ordre de l’Assemblée : j’y ai eu recours toutes les fois que je les ai rencontrés. Un certain nombre de ces pièces ont été réimprimées de nos jours, dans les Archives parlementaires. On peut les y lire. Mais je ne me suis jamais servi de ces Archives pour les débats des Assemblées. Le récit des séances qu’on y trouve est fait sans méthode, sans critique, sans indication de sources. On ne sait ce que c’est. Si ce recueil est officiel par son mode de publication, les comptes rendus de débats qu’il contient ne sont pas officiels, et n’ont aucun caractère d’authenticité.

J’aurais encore beaucoup à dire sur les sources mais il m’est arrivé plus d’une fois de les critiquer d’un mot, dans les notes au bas des pages, et on verra sans doute, par l’emploi même que je fais de ces sources, quel est mon sentiment sur la valeur de chacune d’elles.

Quant à l’état d’esprit où je me suis trouvé en écrivant ce livre, je dirai seulement que j’ai voulu, dans la mesure de mes forces, faire œuvre d’historien, et non pas plaider une thèse. J’ai l’ambition que mon travail puisse être considéré comme un exemple d’application de la méthode historique à l’étude d’une époque défigurée par la passion et par la légende.

A. Aulard.