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LIVRE DE TOBIE *
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PREMIERE PARTIE.
[II, 1 — IV, 23.]


ÉPREUVE ET CONFIANCE EN DIEU

1. Chap. i, 1-25 : Les vertus de Tobie l’ancien.Son origine et sa captivité (i, 1-3). Sa jeunesse en Galilée (i, 4-8) ; son mariage (i, 9, 10). Ses vertus en terre d’exil, sa faveur sous Salmanasar (i, 11-17), ses épreuves sous Sennachérib (i, 18-23) ; la faveur lui revient sous le monarque suivant (i, 24, 25).

1. Tobie, de la tribu et d’une ville de Nephthali, qui est dans la Galilée supérieure, au-dessus de Naasson, derrière le chemin qui va au couchant, ayant à gauche la ville de Séphet,

2 fut emmené captif au temps de Salmanasar, roi des Assyriens ; et, dans sa captivité même, il n’abandonna pas le chemin de la vérité.

3 Tous les jours, il distribuait à ses frères, ceux de sa nation, captifs comme lui, tout ce dont il pouvait disposer.


4 Et alors même qu’il était le plus jeune de ceux de la tribu de Nephthali, il n’y avait rien de juvénile en sa conduite.

5 Aussi, tandis que tout le monde allait adorer les veaux d’or que Jéroboam, roi d’Israël, avait faits, lui seul fuyait la compagnie de tous,

6 et il se rendait à Jérusalem, au temple du Seigneur où il adorait le Seigneur, Dieu d’Israël, offrant fidèlement les prémices et les dîmes de ses biens.

7 Tous les trois ans, il distribuait aux prosélytes et aux étrangers toute sa dîme.

8 Il observait ces choses et d’autres semblables, selon la loi de Dieu,


Le texte original hébreu ou chaldéen est perdu. Il existe de ce livre plusieurs textes qui différent entre eux, non par de simples variantes, comme il arrive si fréquemment, mais par des additions ou des omissions plus notables, sans parler des variations dans les noms propres et les chiffres. On peut ranger ces textes, en quatre groupes principaux : le premier comprend les codd. Vaticanus, Alexandrinus, Venetus-Marcianus, la version Arménienne et la première partie de la Peschito (i-vii, 9) : c’est, en général, la recension la plus courte ; elle est seule en usage dans l’Église grecque. Le second groupe, formé du Cod. Sinaiticus et de l’ancienne Italique donne la recension la plus complète. Le troisième comprend les codices minuscules 44, 106, 107, le 609 de Paris et la fin de la Peschito (vii, 10 — xiv). Notre Vulg. latine forme le quatrième. S. Jérôme nous apprend qu’il fit sa traduction en un seul jour, d’après un texte chaldéen qu’un savant Juif lui interprétait en hébreu. Ce travail un peu hâtif était fondé sans doute en partie sur l’ancienne italique, car on y remarque nombre d’expressions et de locutions propres à cette dernière version. S. Jérôme paraît avoir abrégé l’original.

Sur la valeur relative de ces quatre groupes ou familles de textes du livre de Tobie, les interprêtes sont fort partagés.

Notre traduction suit la Vulgate, mais en tenant compte des autres textes avec la liberté que nous permet le caractère même de notre travail.

I, 1-3. En grec les versets 1-3 peuvent se traduire ainsi :

1. Livre des actions de Tobit, fils de Tobiel, fils d’Ananiel, fils d’Adouêl, fils de Gabail, de la race d’Asaël, de la tribu de Nephthali. 2 le quel tut emmené captif au temps d’Enemessar, roi des Assyriens, de la ville de Thisbé (Thesbi, où naquit Elie), laquelle est à droite (au sud) de Cydios (Cadès) de la tribu de Nephthali, dans la Galilée, au dessus d’Aser. 3. Moi, Tobit. je marcherai dans les voies de la vérité et de la justice tous les jours de ma vie.

2. Au temps de Salmanasar : le gros de la tribu avait été emmené en exil par Téglathphalasar (II Rois, xv, 29) ; une seconde déportation eut lieu sous Salmanasar ou Sargon, car c’est très probablement ce dernier nom qu’il faudrait lire ici et aux vers. 13 et 18. Les textes grecs portent Enemessar, forme étrange qui, d’après le savant orientaliste Bickell, semble cacher le nom de Sargon. L’assvrien Sarru-Kinu. adouci en Sarru Ginum (Roi-terme) deviendrait, par transposition des deux éléments, Ginum-Sarru, en hébreu : Inum-Sar, en grec : Enemessaros. Et, dans sa captivité même, il n’abandonna pas, etc. En grec, le récit est à la première personne.

4-6. Le grec offre un sens plus naturel : Lorsque j’êtais dans mon pays, dans la terre d’Israël, et que j’étais encore jeune, toute la tribu de Nephthali, mon père. avant abandonné le temple de Jérusalem… moi seul, j’allais fréquemment à Jérusalem, aux jours de fête. etc…