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QUATRIÈME PARTIE.
[XIII, 1 — XX, 26.]

DAVID ET ABSALOM.
I. — DISGRACE ET RETOUR D’ABSALOM
[XIII, 1 — XIV, 33]
1. Chap. xiii, 1-22 : Inceste d’Amnon.Désir incestueux d’Amnon (xiii, 1-5). Thamar chez Amnon (xiii, 6-14). Amnon chasse Thamar (xiii, 15-19). Colère de David et d’Absalom (xiii, 20-22).

13. Après cela, il arriva qu’Absalom, fils de David, ayant une sœur qui était belle et qui s’appelait Thamar, Amnon, fils de David, l’aima. 2 Amnon se tourmentait, jusqu’à se rendre malade, au sujet de Thamar, sa sœur ; car elle était vierge, et il semblait impossible à Amnon de lui rien faire. 3 Amnon avait un ami, nommé Jonadab, fils de Sammaa, frère de David, et Jonadab était un homme fort avisé. 4 Il lui dit : « Pourquoi es-tu ainsi défait, fils du roi, chaque matin ? Ne me l’indiqueras-tu pas ? » Amnon lui répondit : « J’aime Thamar, sœur de mon frère Absalom. » 5 Jonadab lui dit : « Mets-toi au lit et fais le malade. Quand ton père viendra te voir, tu lui diras : Permets, je te prie, que Thamar, ma sœur, vienne me donner à manger, et qu’elle prépare le mets sous mes yeux, afin que je le voie, et je mangerai de sa main. » 6 Amnon se coucha et fit le malade. Le roi vint le voir, et Amnon dit au roi : « Je te prie, que Thamar, ma sœur, vienne faire deux gâteaux sous mes yeux, et que je les mange de sa main. »

7 David envoya dire à Thamar dans la maison : « Va à la maison de ton frère Amnon et prépare-lui un mets. » 8 Thamar alla chez son frère Amnon, qui était couché. Prenant de la pâte, elle la pétrit, la mit en gâteaux sous ses yeux et fit cuire les gâteaux ; 9 elle prit ensuite la poêle et les versa devant lui. Mais il refusa de manger. Amnon dit alors : « Faites sortir d’auprès de moi tout le monde. » Lorsque tous furent sortis d’auprès de lui, 10 Amnon dit à Thamar : « Apporte le mets dans l’alcôve, et que je le mange de ta main. » Thamar prit les gâteaux qu’elle avait faits, et les apporta à son frère Amnon dans l’alcôve. 11 Comme elle les lui présentait à manger, il la saisit et lui dit : « Viens, couche avec moi, ma sœur. » 12 Elle lui répondit : « Non, mon frère, ne me déshonore pas, car on n’agit point ainsi en Israël ; ne commets pas cette infamie. 13 Moi, où irais-je porter ma honte ? Et toi, tu serais comme l’un des infâmes en Israël. Parles-en au roi, je te prie, et il ne refusera pas de me donner à toi. » 14 Mais il ne voulut pas écouter sa voix ; plus fort qu’elle, il la violenta et coucha avec elle. 15 Aussitôt Amnon eut pour elle une très forte aversion, et la haine dont il la haït fut plus forte que l’amour dont il l’avait aimée ; et Amnon lui dit : « Lève-toi, va-t-en ! » 16 Elle lui répondit : « Au mal que tu m’as fait, n’ajoute pas le mal plus grand encore de me chasser[1]. » Mais, sans vouloir l’écouter, 17 il appela le garçon qui le servait et dit : « Jetez cette femme dehors, loin de moi ; et ferme la porte derrière elle. » 18 Or elle avait une robe longue, car c’était le vêtement que portaient les filles du roi encore vierges. Le serviteur d’Amnon la mit dehors et ferma la porte derrière elle. 19 Thamar prit de la poussière et la mit sur sa tête ; elle déchira la longue robe qu’elle portait et, mettant la main sur sa tête, elle s’en alla en poussant des cris. 20 Absalom, son frère, lui dit : « Ton frère Amnon a-t-il été avec toi ? Maintenant, ma sœur, tais-toi, c’est ton frère ; ne prends pas cette affaire à cœur. » Et Thamar demeura, désolée, dans la maison de son frère Absalom. 21 Lorsque le roi David apprit toutes ces choses, il fut très irrité[2]. — 22 Absalom n’adressait plus aucune parole, bonne ou mauvaise, à Amnon, car Absalom haïssait Amnon, à cause de l’outrage fait à Thamar, sa sœur.

2. Chap. xiii, 23-39. Vengeance d’Absalom.Les fils du roi chez Absalom pour la tonte des brebis (xiii, 23-27). Meurtre d’Amnon (xiii, 28, 29) ; on l’annonce à David (xiii, 30-33). Retour des fils du roi ; Absalom s’enfuit (xiii, 34-39).

23 Deux ans après, Absalom avait les[3]

  1. Au mal, etc. m. à m. Pas, au sujet de ce mal plus grand que l’autre que tu m’as fait, en me chassant. (Ne me chasse pas, car ce serait un mal plus grand, etc.) LXX (récension lucianique) : Non, mon frère, car ce dernier mal serait plus grand que le premier, si tu me chassais.
  2. Les LXX et la Vulgate ajoutent Mais il ne voulut pas contrister l’esprit d’Amnon, son fils, car il l’aimait comme étant son premier-né.
  3. Les tondeurs : la tonte des brebis était une occasion de réjouissances et de festins Comp. Gen xxxviii, 12 ; I Sam. xxv, 4.