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DEUXIÈME PARTIE [MORALE].
[XII, i — XV, 33.]


I — EXHORTATIONS ET PRÉCEPTES.

1. Chap, xii, 1 — xiii, 14 : Devoirs dont l’obligation concerne tout le monde. — Que chacun se contente de la condition que la grâce lui a faite (1-8). Applications multiples de la charité (9-21). Soumission aux autorités (xiii, 1-7). Amour mutuel (8-10). Vigilance et pureté (11-14).

12. Je vous exhorte donc, mes frères, par la miséricorde de Dieu, à offrir vos corps comme une hostie vivante, sainte, agréable à Dieu : c’est là le culte spirituel que vous lui devez[1]. 2 Et ne vous conformez pas au siècle présent, mais transformez-vous par le renouvellement de l’esprit, afin que vous éprouviez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait[2].

3 En vertu de la grâce qui m’a été donnée, je dis à chacun de vous de ne pas s’estimer plus qu’il ne faut ; mais d’avoir des sentiments modestes, chacun selon la mesure de la foi que Dieu lui a départie. 4 Car, de même que nous avons plusieurs membres dans un seul corps, et que tous les membres n’ont pas la même fonction, 5 ainsi, nous qui sommes plusieurs, nous ne faisons qu’un seul corps dans le Christ, et chacun en particulier nous sommes membres les uns des autres ; 6 et nous avons des dons différents selon la grâce qui nous a été donnée : soit de prophétie, selon la mesure de notre foi[3], 7 soit de ministère, pour nous contenir dans le ministère ; celui-ci a reçu le don d’enseigner : qu’il enseigne ; 8 celui-là, le don d’exhorter : qu’il exhorte ; un autre distribue : qu’il s’en acquitte avec simplicité ; un autre préside : qu’il le fasse avec zèle ; un autre exerce les œuvres de miséricorde : qu’il s’y livre avec joie.

9 Que votre charité soit sans hypocrisie. Ayez le mal en horreur ; attachez-vous fortement au bien. 10 Quant à l’amour fraternel, soyez pleins d’affection les uns pour les autres, vous prévenant d’honneur les uns les autres ; 11 pour ce qui est du zèle, ne soyez pas nonchalants. Soyez fervents d’esprit ; c’est le Seigneur que vous servez[4]. 12 Soyez pleins de la joie que donne l’espérance, patients dans l’affliction, assidus à la prière, 13 prêts à subvenir aux nécessités des saints, empressés à donner l’hospitalité. 14 Bénissez ceux qui vous persécutent : bénissez et ne maudissez pas. 15 Réjouissez-vous avec ceux qui sont dans la joie ; pleurez avec ceux qui pleurent. 16 Ayez les mêmes sentiments entre vous ; n’aspirez pas à ce qui est élevé, mais laissez-vous attirer par ce qui est humble. Ne soyez point sages à vos propres yeux ; 17 ne rendez à personne le mal pour le mal ; veillez à faire ce qui est bien devant tous les hommes. 18 S’il est possible, autant qu’il dépend de vous, soyez en paix avec tous. 19 Ne vous vengez point vous-mêmes, bien-aimés ; mais laissez agir la colère de Dieu ; car il est écrit : « A moi la vengeance ; c’est moi qui rétribuerai, dit le Seigneur[5]. » 20 Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger ; s’il a soif, donne-lui à boire ; car en agissant ainsi, tu amasseras des charbons de feu sur sa tête[6]. 21 Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais triomphe du mal par le bien.

13. Que toute âme soit soumise aux autorités supérieures ; car il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et celles qui existent ont été instituées par lui[7].

  1. Offrir : le gr. parastèsai exprime, dans les sacrifices anciens, l’action d’amener et de présenter devant l’autel la victime destinée à l’immolation. — Pour les uns le culte spirituel logikèn, rationabile. Pour d’autres, le culte logique qui vous convient. Comp. I Pier, ii, 2.
  2. Plusieurs mss. comme le Vaticanus, etc. omettent umôn (votre) que lit le texte reçu avec la plupart des autres mss. et la Vulgate. — Les trois adjectifs to agathôn kai euariston kai telekon, pris substantivement, sont une opposition explicative du terme précédent : la volonté de Dieu. Vulgate : afin que vous examiniez, avec un cœur docile, quelle est la volonté de Dieu bonne, agréable et parfaite.
  3. De prophétie, le don du discours inspiré (I Cor. xii, 10, 28).
  4. Au lieu de kurion, Domino servientes on lit dans certains mss. kairô, tempori servientes profitant du temps favorable, vous conformant aux besoins du moment.
  5. Deut. xxxii, 35, cité librement d’après les Septante.
  6. Emprunt fait au livre des Prov. (xxv, 21 sv.).
  7. Supérieures : ce mot est ajouté pour insinuer la raison de l’obéissance des inférieurs, et désigne, dit S. Thomas, tout homme dépositaire de l’autorité (temporelle ou séculière), non seulement les chefs suprêmes, comme semblerait l’indiquer l’expression un peu inexacte de la Vulgate (sublimioribus), mais aussi les magistrats d’un rang moins élevé.