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5 En effet, Moïse dit de la justice qui vient de la Loi : « L’homme qui mettra ces choses en pratique vivra par elles[1]. » 6 Mais voici comment parle la justice qui vient de la foi : « Ne dis pas dans ton cœur : Qui montera au Ciel » Ce qui signifie en faire descendre le Christ ; 7 ou : « Qui descendra dans l’abîme ? » Ce qui signifie faire remonter le Christ d’entre les morts. 8 Que dit-elle donc ? « Près de toi est la parole, dans ta bouche et dans ton cœur. » C’est la parole de la foi que nous prêchons[2]. 9 Si tu confesses de ta bouche Jésus comme Seigneur, et si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité des morts tu seras sauvé. 10 Car c’est en croyant de cœur qu’on parvient à la justice, et c’est en confessant de bouche qu’on parvient au salut, 11 selon ce que dit l’Écriture : « Quiconque croit en lui ne sera pas confondu[3]. » 12 Il n’y a pas de différence entre le Juif et le Gentil, parce que le même Christ est le Seigneur de tous, étant riche envers tous ceux qui l’invoquent. 13 Car « quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé[4]. »

14 Comment donc invoquera-t-on celui en qui on n’a pas encore cru ? Et comment croira-t-on en celui dont on n’a pas entendu parler ? Et comment en entendra-t-on parler s’il n’y a pas de prédicateur ? 15 Et comment seront-ils prédicateurs, s’ils ne sont pas envoyés ? selon qu’il est écrit : « Qu’ils sont beaux les pieds de ceux qui annoncent le bonheur[5] ! » 16 Mais tous n’ont pas obéi à l’Évangile ; car Isaïe dit : « Seigneur, qui a cru à notre prédication[6] ? » 17 Ainsi la foi vient de la prédication entendue, et la prédication se fait par la parole de Dieu. 18 Mais je demande : n’ont-ils pas entendu ? Au contraire : « Leur voix est allée par toute la terre, et leurs paroles jusqu’aux extrémités du monde[7]. » 19 Je demande encore : Israël n’en a-t-il pas eu connaissance ? Moïse le premier a dit : « J’exciterai votre jalousie contre une nation qui n’en est pas une ; j’exciterai votre colère contre une nation sans intelligence[8]. » 20 Et Isaïe pousse la hardiesse jusqu’à dire : « J’ai été trouvé par ceux qui ne me cherchaient pas, je me suis manifesté à ceux qui ne me demandaient pas[9]. » 21 Mais au sujet d’Israël il dit : « J’ai tendu mes mains tout le jour vers un peuple incroyant et rebelle. »

3. Chap. xi.Motifs de consolation pour Israël. Une partie des Juifs appelés au salut messianique (1-10). La réprobation du plus grand nombre a servi au salut des Gentils (11-24). A la fin tout Israël sera sauvé (25-32). Épilogue : Hymme à la divine sagesse dont les desseins sont impénétrables (33-36).

11. Je dis donc : Est-ce que Dieu a rejeté son peuple ? Loin de là ! Car moi aussi, je suis Israélite, de la postérité d’Abraham, de la race de Benjamin. 2 Non, Dieu n’a pas rejeté son peuple, qu’il a connu d’avance. Ne savez-vous pas ce que l’Écriture rapporte dans le chapitre d’Elie, comment il adresse à Dieu cette plainte contre Israël : 3 « Seigneur, ils ont tué vos prophètes, ils ont renversé vos autels, je suis resté moi seul, et ils en veulent à ma vie[10]. » 4 Mais que lui répond la voix divine ? « Je me suis réservé sept mille hommes qui n’ont pas fléchi le genou devant Baal ». 5 De même aussi, dans le temps présent, il y a une réserve selon un choix de grâce. 6 Or, si c’est par grâce, ce n’est plus par les œuvres[11] ; autrement la grâce cesse d’être

  1. Lév. {{|xviii}}, 5 ; Gal. iii, 10 sv. A côté de la justice par les œuvres, Moïse mentionne une justice par la foi. Pour expliquer sa pensée S. Paul se sert de quatre versets du Deutéronome (xxx. 11-14) ; mais au lieu de les amener par la formule ordinaire, il personnifie la justice par la foi et la fait elle-même parler. De plus il se contente d’accommoder à son sujet, en les citant avec assez de liberté, les paroles sacrées. On s’explique ainsi l’omission de toute formule de citation et les changements notables introduits dans le texte.
  2. Que dit-elle, la justice. Vulg. l’Écriture.
  3. L’Écriture, Is. xxviii, 16, cité d’après les Septante, Comp. I Pier, ii, 6.
  4. S. Paul incorpore dans son discours, sans la formule ordinaire d’introduction, ce passage de Joél (ii, 32. Comp. Act. ii, 21) connu de tous.
  5. Is. iii, 7, cité librement.
  6. Vulg. n’obéissent pas. Mais l’Amiatinus porte comme le gr. n’ont pas obéi. — Isaïe, liii, 1. Comp. Jean, xii, 38.
  7. Leur voix, citation du Ps. xix (18), 5, d’après les Septante. Au sens littéral, il s’agit de la révélation de Dieu et de ses attributs dans la nature, et spécialement dans les astres ; mais le monde physique étant, sous beaucoup de rapports, l’image du monde invisible et surnaturel, S. Paul voit dans les astres la figure des saints, notamment des Apôtres, que le Sauveur appelle la lumière des hommes (Matth. v, 14). Du reste il faut voir dans cette citation, comme plus haut vers. 6, une accommodation.
  8. Deut. xxxii, 21.
  9. Isaïe, lxv, 1.
  10. I Rois, xviii, 4.
  11. La phrase mise entre parenthèses se lit dans le texte reçu, dans le manuscrit du Vatican et dans bon nombre d’autres manuscrits grecs. Toutefois, d’après l’opinion la plus générale, ce n’est qu’une glose marginale, anciennement introduite dans le texte. — Vulg. Un reste a été sauvé, addition empruntée probablement à ix, 27.