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car, sans la Loi, le péché est mort. 9 Pour moi, je vivais autrefois sans la Loi ; mais le commandement étant venu, le péché a pris vie, 10 et moi, je suis mort. Ainsi le commandement qui devait conduire à la vie, s’est trouvé pour moi conduire à la mort. 11 Car le péché, saisissant l’occasion qu’offrait le commandement, m’a séduit et par lui m’a donné la mort. 12 Ainsi donc la Loi est sainte, et le commandement est saint, juste et bon. 13 Une chose bonne a donc été pour moi une cause de mort ? Loin de là ! Mais c’est le péché qui m’a donné la mort, afin de se montrer péché en me donnant la mort par le moyen d’une chose bonne, et de se développer à l’excès comme péché par le moyen du commandement[1].

14 Nous savons, en effet, que la Loi est spirituelle ; mais moi, je suis charnel, vendu au péché. 15 Car je ne sais pas ce que je fais : je ne fais pas ce que je veux, et je fais ce que je hais. 16 Or, si je fais ce que je ne voudrais pas, je reconnais par là que la Loi est bonne. 17 Mais alors ce n’est plus moi qui le fais, c’est le péché qui habite en moi. 18 Car je sais que le bien n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans ma chair ; le vouloir est à ma portée, mais non le pouvoir de l’accomplir. 19 Car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas. 20 Or, si je fais ce que je ne veux pas, ce n’est plus moi qui le fais, c’est le péché qui habite en moi. 21 Je trouve donc cette loi en moi : quand je veux faire le bien, le mal est près de moi. 22 Car je prends plaisir à la loi de Dieu, selon l’homme intérieur[2] ; 23 mais je vois dans mes membres une autre loi qui lutte contre la loi de ma raison, et qui me rend captif de la loi du péché qui est dans mes membres. 24 Malheureux que je suis ! Qui me délivrera de ce corps de mort[3] ? 25 Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ Notre-Seigneur ! Ainsi donc moi-même, par l’esprit, je suis l’esclave de la loi de Dieu, et par la chair l’esclave de la loi du péché[4].

4. Chap. viii.Quatrième fruit de la justification. Heureux état du chrétien justifié. Plus aucun sujet de condamnation (1-4). Sanctification efficace par le Saint-Esprit (5-11). Adoption filiale de la part de Dieu et droit à l’héritage céleste (12-18). Quatre raisons d’espérer fermement cette gloire future : l’attente de la création (19-22), le désir des fidèles (23-25), la prière du Saint-Esprit en nous (26-27), l’amour de Dieu pour ses élus (28-29).

8. Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ, [qui ne marchent pas selon la chair]. 2 En effet, la loi de l’Esprit de la vie m’a affranchi en Jésus-Christ de la loi du péché et de la mort[5]. 3 Car, ce qui était impossible à la Loi parce qu’elle était sans force à cause de la chair, Dieu l’a fait : en envoyant, pour le péché, son propre Fils dans une chair semblable à celle du péché, et il a condamné le péché dans la chair, 4 afin que la justice de la loi fût accomplie en nous, qui marchons, non selon la chair, mais selon l’Esprit.

5 Ceux, en effet, qui vivent selon la chair, s’affectionnent aux choses de la chair ; mais ceux qui vivent selon l’Esprit s’affectionnent aux choses de l’Esprit. 6 Et les affections de la chair, c’est la mort, tandis que les affections de l’Esprit, c’est la vie et la paix : 7 parce que les affections de la chair sont inimitié contre Dieu, car elles ne se soumettent pas à la loi divine, et elles ne le peuvent même pas. 8 Or ceux qui vivent

  1. C’est le péché, è amartia. la concupiscence mauvaise, effet et signe du péché originel… afin de se montrer péché amartia sans article) c.-à-d. opposée à la Loi de Dieu. — Par le commandement, bon en lui-même, que le péché a fait servir, non au bien, mais au mal et à la mort. Il entrait dans les desseins de Dieu (afin de) que la profondeur de la corruption humaine fût ainsi révélée à toute conscience.
  2. L’homme intérieur, non pas ici l’homme régénéré, que Paul appelle l’homme nouveau (Eph. ii, 10 ; iv, 24), ou spirituel (Comp. Rom. viii, 9 sv.), parce qu’il est transformé et régi par l’Esprit-Saint qui est en lui, mais simplement l’homme dans sa partie la plus noble, l’homme raisonnable (mens, vers. 23), par opposition à l’homme extérieur, à la chair.
  3. De ce corps de mort ; litt. du corps de cette mort (comp. corps du péché ch. vi, 6). Sens : qui me délivrera de la loi du péché qui est dans mes membres, de telle sorte que mon corps, ma chair, ne soit plus le siège de la puissance victorieuse du péché, et par suite de la mort (de cette mort honteuse !) spirituelle ou éternelle. L’idée de délivrance par la mort physique est étrangère au contexte.
  4. Au lieu d’exprimer la réponse d’une manière directe (Vulgate : C’est la grâce de Dieu Par J.-C. Notre-Seigneur), S. Paul laisse échapper de son cœur ému un cri de reconnaissance : Grâces, etc. Puis il résume, sous la forme d’une conclusion, ce qu’il vient d’enseigner (vers. 14-24).
  5. La loi de l’Esprit, etc., la puissance, le règne du Saint-Esprit vivant dans l’âme du chrétien et lui communiquant la véritable vie (II Cor. iii, 6), m’a affranchi, a rendu sans force la loi, la puissance du péché ; elle m’aide à triompher de cette tyrannie. — En J.-C. : il faut être uni à J.-C. par la foi et l’amour pour avoir part à cette délivrance.