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tôt le ciel et la terre passeront, que passe un seul iota ou un seul point de la Loi, sans que tout soit accompli[1]. Celui-là donc qui violera l’un de ses moindres commandements, et enseignera ainsi aux hommes, sera le moindre dans le royaume des cieux ; mais celui qui les gardera et enseignera à les garder, sera grand dans le royaume des cieux[2]. Car je vous dis que si votre justice n’est pas plus abondante que celle des Scribes et des Pharisiens, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux[3].

21 Vous avez appris qu’il a été dit par les Anciens[4] :

    ments qui renferment la grâce, mais des préceptes moraux et de tout ce qui était figuré ou prédit touchant le Messie : J.-C. observa et confirma les préceptes moraux, et réalisa dans sa personne les figures et les prophéties.

  1. Locution proverbiale pour exprimer la plus petite partie d’une chose. La lettre i, appelée iota en grec, et iod en hébreu, est la plus petite des lettres hébraïques. Un point, litt. une corne, un trait, une partie de lettre.
  2. Les Pharisiens regardaient comme très-petits, c.-à-d. comme non obligatoires, les préceptes qui règlent les pensées et les désirs des hommes (Exod., xx, 17, sv.), et ils se contentaient de se conformer à la lettre de la loi. « La vie chrétienne aussi, dit Bossuet, demande une extrême exactitude. Il faut prendre garde aux moindres préceptes, et n’en mépriser aucun. Le relâchement commence par les petites choses, et de là on tombe dans les plus grands maux. »
  3. J.-C. marque dans ce qui suit trois degrés qui conduisent à la perfection de la justice chrétienne. Le chrétien doit s’élever : 1o au-dessus des plus sages des païens ; 2o au-dessus des plus justes d’entre les Juifs ; 3o au-dessus de lui-même, et tendre à la beauté morale absolue, indiquée par le dernier vers, et de ce chap. : « Soyez parfaits comme mon père céleste est parfait. » Bossuet.
  4. La loi de Moïse avait été altérée, dans les derniers temps de la nation, par les fausses interprétations, et même les additions que les docteurs juifs y avaient mêlées. À ces interprétations qui dénaturaient la théologie judaïque, déjà si inférieure à la morale chrétienne, N.-S. oppose les préceptes nouveaux de l’Évangile. Nous n’avons pas hésité à traduire, par les Anciens, et non aux Anciens : 1o c’est le sens du grec, et on sait que les Latins mettent aussi au datif (au lieu de l’ablatif avec une préposition) le complément d’un verbe passif (Cicer. Pro lege Manil., 24. Ovid. Trist., v, 10, 37). 2o Les Évangélistes parlent souvent des traditions des Anciens (Par ex. Marc, vii, 3, 5). 3o L’apo-