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écrit : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu[1]. » Alors le démon le transporta dans la ville sainte, et l’ayant placé sur le haut du temple, il lui dit : Si vous êtes le Fils de Dieu, jetez-vous en bas ; car il est écrit : « Il vous a confié à ses Anges, et ils vous porteront dans leur main, de peur que votre pied ne heurte contre la pierre[2]. » Jésus lui dit : Il est écrit aussi : « Tu ne tenteras point le Seigneur, ton Dieu[3] ». Le démon, de nouveau, le transporta sur une montagne très-élevée, et lui montrant tous les royaumes du monde avec leur gloire, il lui dit : Je vous donnerai tout cela, si, tombant à mes pieds, vous m’adorez[4]. Alors Jésus lui dit : Retire-toi, Satan, car il est écrit : « Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu ne serviras que lui seul[5]. » Alors le

  1. Deutér., viii, 3. Voici le verset entier : « Dieu, dit Moïse au peuple, vous a affligés de la faim, et il vous a donné pour nourriture la manne, qui était inconnue à vous et à vos pères, pour vous faire voir que l’homme ne vit pas seulement de pain, » etc. Quelques-uns traduisent : De toute chose qui sort de la bouche (créée par un ordre) de Dieu. Le mot latin verbum et son correspondant dans la langue hébraïque admettent en effet cette interprétation. Mais on peut laisser parole, et dire qu’il y a ici une métonymie, la cause pour l’effet, la parole qui crée pour la chose créée. — Jésus ne veut pas se servir de sa puissance pour satisfaire aux goûts et aux besoins de la chair ; il s’abandonne à la providence de son Père.
  2. Ps. xci, 11, 12.
  3. Deutér., vi, 16. S’exposer sans raison à un péril manifeste, se jeter, par exemple, du haut du temple à terre, avec la confiance de rencontrer entre deux les mains des anges, c’est tenter Dieu. Bossuet.
  4. « La première tentation s’adressait au foyer de concupiscence inférieure, la sensualité ; la seconde, à la concupiscence d’en-haut, l’orgueil ; la troisième s’adresse à l’ambition, ce composé des deux passions premières et radicales, équivalent des deux ensemble. C’est là l’histoire de tous les hommes, et l’ordre dans lequel se succède la tentation dans toutes les âmes. » Gratry.
  5. Deutér., vi, 13.