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pontifes créés et renversés tour à tour par les Romains, la chambre sacerdotale du Sanhédrin renfermait les Princes des Prêtres proprement dits, c’est-à-dire les chefs des vingt-quatre familles ou classes de prêtres, dont chacune était chargée pendant une semaine du service ordinaire du temple. Parmi eux se trouvait sans doute Helcias, trésorier du temple à cette époque, d’après Josèphe : c’est de lui que Judas dut recevoir les trente deniers, prix de sa trahison.

II. Collége des Scribes ou Docteurs de la Loi. Du retour de la captivité date, sinon l’institution première, au moins le développement des synagogues ; on en vit s’élever alors une multitude dans toutes les localités importantes de la Palestine. C’était là que, chaque jour de sabbat, les pieux Israélites se réunissaient pour la prière et la lecture des Livres saints. Outre le chef de synagogue chargé du maintien de l’ordre, il y avait un ou plusieurs docteurs, appelés scribes, ou sofer, qui expliquaient et interprétaient la loi. A Jérusalem, on pouvait les entendre à toute heure du jour dans les cours et les portiques du temple, rendez-vous d’une foule considérable. Ces docteurs avaient un rang très-élevé dans la nation ; souvent même ils l’emportaient en considération sur les prêtres, dont les fonctions étaient purement rituelles. On les appelait, suivant leur dignité, rab, rabbi, ou rabban. Plusieurs d’entre eux faisaient école et avaient de nombreux disciples, et la république juive ne compte guère, à partir des derniers prophètes, de noms plus illustres que ceux de Hillel et de Schammaï, deux maîtres célèbres qui venaient de mourir quand Notre-Seigneur vint au monde. Leurs disciples se divisaient et se passionnaient pour des questions de doctrine ou de casuistique, exactement comme faisaient au moyen âge les disciples de saint Thomas et de Scot Erigène. Tandis que la plupart des prêtres étaient Sadducéens, presque tous les Scribes professaient les doctrines du pharisaïsme : voilà pourquoi on les trouve si souvent dans l’Évangile unis aux Pharisiens contre Jésus. Les Docteurs de la Loi formaient la deuxième chambre du Sanhédrin. Elle était présidée, au temps de Notre-Seigneur, par Gamaliel, de la race de David, et petit-fils de Hillel. Il était Pharisien, comptait parmi ses disciples celui qui fut plus tard l’apôtre saint Paul, et se montra, dans le Sanhédrin, favorable au parti du Messie. Mais sa voix fut étouffée dans ces jours d’épouvante par les cris de fureur de cette race déicide. Il mourut dix-huit ans après la ruine de Jérusalem. Après lui venait, comme vice-président, son fils Siméon, qui lui succéda plus tard ; c’était un ennemi acharné des Romains : aussi paya-t-il de sa vie son patriotisme lors de la destruction de Jérusalem et du temple. Citons encore, parmi les personnages les plus éminents du collège des Docteurs, Jonathan et Onkelos, les célèbres rédacteurs des Targums, tous deux disciples de Hillel, et le dernier très-attaché à Gamaliel, pour la sépulture duquel il dépensa soixante-dix livres d’encens ; Samuel Katon, ou le Petit, auteur d’une prière contre les chrétiens, que les Juifs devaient réciter tous les jours ; Chanania, également disciple de Hillel, qui essaya, mais en vain, de réconcilier les Hillélistes avec les Schammaïstes ; et Nicodème, disciple se-