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l’Ancien Testament, que la Thorah ou la Loi (le Pentateuque) ; c’est une assertion inexacte. Il est vrai qu’au chapitre xxe de saint Matthieu, Notre-Seigneur prouve contre eux la résurrection par des passages empruntés uniquement aux livres de Moïse, tandis qu’il aurait pu invoquer des textes plus clairs, tirés, par exemple, de Daniel (xii, 2, 13) ; mais cela ne prouve qu’une chose, c’est que Jésus a voulu, pour combattre ses adversaires, descendre sur le terrain même qu’ils avaient choisi, car on sait que leur objection était tirée d’un passage de la Loi. Comp. Josèphe, Contr. Apion., I, 8 ; Thalmud, Sanhédr., f. 90, 2.

Des hommes qui limitaient l’existence humaine à la vie présente, devaient en rechercher sans scrupule toutes les jouissances et tous les plaisirs ; et comme ils rejetaient l’élément traditionnel, ils faisaient fort peu de cas d’une foule de rites et d’observances ; des prêtres (un grand nombre appartenaient à cette secte) donnaient jusque dans le temple le scandale de cette négligence. Josèphe nous apprend encore que les Sadducéens aimaient à disputer et à contredire, et se montraient dans le commerce de la vie, et surtout dans leurs fonctions, de juges par exemple, durs et impitoyables. Bien moins nombreuse et moins considérée que celle des Pharisiens, cette secte comptait des partisans surtout parmi les riches et les principaux de la nation, ce qui explique son influence dans le Sanhédrin et l’élévation de quelques-uns de ses membres au souverain pontificat. Ces matérialistes et ces épicuriens n’hésitèrent pas à se joindre aux Pharisiens, leurs adversaires, pour combattre le Sauveur et le christianisme naissant. — Kirchen-Lexicon, art. Sadducéens, par A. Maier.

Samarie : voy. Palestine.

Samaritains. — Lorsque Salmanasar, roi d’Assyrie, eut emmené en captivité la plus grande partie des habitants du royaume d’Israël, il envoya, pour peupler cette contrée, des colons païens qui se mêlèrent avec le petit nombre d’Israélites restés dans leur patrie (IV Rois, xvii, 21). C’est de ce mélange que descendaient les Samaritains ou habitants du pays de Samarie. Ils faisaient profession de la loi de Moïse, dont ils avaient conservé les cinq livres ; mais ils rejetaient tout le reste de la Bible et s’étaient bâti un temple, au mépris de celui de Jérusalem, sur le mont Garizim, près de Sichem. D’origine impure, et de plus hérétiques et schismatiques, ils étaient si odieux aux Juifs, que ceux-ci évitaient comme une souillure tout commerce avec eux. Une seule bouchée mangée avec un Samaritain rendait aussi coupable que si l’on eût mangé de la chair de porc. Tout service reçu de lui, même un verre d’eau, était un crime pour les Juifs. Mais ils lui prêtaient sans scrupule, à gros intérêts, car ils ne le regardaient pas comme un frère envers qui ils dussent accomplir le précepte du Deutéronome (xxiii, 20) : ce qui contraste singulièrement avec l’exemple du bon Samaritain dont il est parlé dans la parabole. Jean Hyrcan avait détruit le temple des Samaritains, l’an 129 avant Jésus-Christ ; mais le mont Garizim leur était toujours sacré, etil l’est encore de nos jours à quelques habitants de Naplouse (l’ancienne Sichem), derniers restes de ce peuple, que les savants ont retrouvés au commencement de ce siècle, comme on découvre une ruine antique, et