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Juifs, qui accusèrent le procurateur auprès de Vitellius, propréteur de la province de Syrie, dont la Judée formait comme une annexe. Le propréteur destitua Pilate et le fit poursuivre à Rome (788 de Rome, au mois de mars) ; mais Tibère mourut avant que Pilate arrivât pour se défendre. Le procès n’eut sans doute pas une issue favorable, car, au témoignage d’Eusèbe, l’ex-procurateur de la Judée fut exilé à Vienne, dans les Gaules, où il se tua de désespoir.

L’intérêt que Pilate paraît porter à Jésus, dit M. Schegg, s’explique par des raisons très-faciles à comprendre : d’abord par la haute dignité de l’accusé, dont il devait déjà avoir entendu parler ; ensuite par l’obligation où il était de rendre compte à l’empereur de toutes les affaires importantes ; enfin, et surtout, par la haine qu’il portait aux Pharisiens, ces ennemis irréconciliables des Romains. Une vie de plus ou de moins, un acte de justice, c’est ce dont Pilate s’inquiétait peu, comme le prouve la barbare flagellation qu’il infligea au Sauveur ; mais il n’avait aucune envie d’être favorable aux Pharisiens, comme le démontre son mot laconique : Quod scripsi, scripsi. Néanmoins, quand les Pharisiens menacèrent de l’accuser lui-même auprès de César, sacrifiant ses ressentiments à sa sécurité, il leur livra Jésus, et mit un terme à ce drame déplorable par un trait de comédie, en se lavant les mains.

Princes ou Principaux du peuple : voy. Sanhédrin.

Prince des prêtres : voy. Sanhédrin.

Publicains. — Il ne faut pas confondre les Publicains de la Palestine au temps de Notre-Seigneur avec les Publicains de Rome, fermiers généraux, toujours d’un rang élevé, au moins de l’ordre équestre. Ceux de l’Évangile n’étaient que les agents de ces fermiers généraux, des employés de bas étage, de simples douaniers ou collecteurs d’impôts. On les trouvait partout, sur les ports, sur les ponts, sur les grandes routes, telles que celle d’Acre à Damas, célèbre sous le nom de Via maris, route de la mer, et l’une des plus anciennes du monde. Ces fonctionnaires ne sont jamais aimés du peuple ; chez les Juifs ils étaient abhorrés, non-seulement à cause de leurs exactions et de leurs tracasseries, mais parce que l’impôt, nouveau pour le peuple de Dieu, était un signe de sa décadence et de sa vassalité. On les comparait aux voleurs, aux assassins, aux gens de vie infâme ; on fuyait tout commerce avec eux, on évitait de se marier dans leurs familles, et ces sortes de mariages, quand ils avaient eu lieu, pouvaient être rompus. Ajoutez que ces fonctions n’étaient le plus souvent remplies que par de petites gens, ou des païens ; les Juifs qui les acceptaient étaient excommuniés.

Quirinius : voy. Cyrinus.

Recensement de Cyrinus : voy. Cyrinus.

Royaume de Dieu. — La signification de cette locution biblique est multiple. I. Dans l’Ancien Testament, elle désigne : 1° l’ensemble de l’univers, le ciel et la terre, toute la création en un mot (Deut. x, 14 ; Ps. xxi, 29-32 ; xxxiii, 1, 2 ; cii ; cxlviii) ; 2° la nation israélite, appelée d’une manière spéciale le peuple, l’héritage, le domaine, le royaume de Dieu (Exod. iii, 7 ; iv, 5 ; Deut. x, 15 ; III Rois, viii, 7 ; Ps. ii, 6 ; lxxxvi, 2 ; Is. xxxvii, 32). — II. Dans le Nouveau Testament,