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pourrait bien se confondre avec le recensement dont parle saint Luc, puisqu’il suppose une inscription des personnes sur des registres publics. Ce qu’il y a de certain, c’est que ce serment, d’après les supputations les plus exactes, a dû être prêté l’an de Rome 747, précisément à l’époque du recensement de saint Luc.

c) Ainsi le premier recensement de Cyrinus ne fut qu’une déclaration des personnes et des biens, et n’avait pas l’impôt pour but immédiat, puisque la Judée était une alliée, non une province de l’Empire. Mais le bénéfice ou l’honneur de l’alliance romaine avait ses charges. Les alliés, dit Suétone (Aug. 48), étaient comme les parties et les membres de l’Empire, et c’est à ce titre que Rome prétendait en avoir soin. Ils devaient donc contribuer aux nécessités de l’Empire par de l’argent et des soldats. On laissait d’ordinaire au souverain d’un royaume allié le soin de répartir cette charge entre les habitants du pays : c’était le tribut, et non pas l’impôt. Mais on conçoit que Rome avait intérêt à connaître les ressources de chacun, et pouvait désirer les évaluer à sa manière ; ce désir devait être surtout bien naturel à Auguste alors que, pendant la vieillesse d’Hérode, il songeait peut-être déjà à convertir le tribut en impôt, à changer ses alliés en sujets, en réduisant la Judée en province romaine, ce qui arriva en effet douze ans après, l’an 6 de l’ère vulgaire.

d) Quant à l’inscription de Marie (Luc, ii, 5), dit M. Wallon, on pourrait soutenir que le texte ne l’implique pas nécessairement. Car selon qu’on voudra traduire : Joseph vint se faire inscrire avec Marie, ou Joseph vint avec Marie se faire inscrire, elle figurera dans les registres publics en son nom, ou ne sera plus que compagne du voyage. Or, on la voit accompagner Joseph, même en des circonstances où la loi n’exigeait pas sa présence : par exemple, aux voyages de Jérusalem, à l’occasion de la Pâque (Luc, ii, 41). Mais on peut entendre l’inscription d’elle aussi bien que de Joseph, et cet enregistrement, que ne réclamait pas la coutume des Juifs, est un signe de plus que le recensement s’opérait dans les termes d’un recensement romain. Car M. Huschke prouve, par des faits et des lois, qu’en beaucoup de cas, les femmes, dans l’Empire, devaient aussi se faire inscrire. Voy. L. 3, pr. (Ulp.) D. L. xv, de Censibus ; Cicér. Verr. Act. ii, 56 ; Sozomène, Hist. eccl. v, 4.

Docteurs de la loi : voy Scribes, à l’art. Sanhédrin.

Fils de l’homme, un des titres ou noms du Messie dans le Nouveau-Testament. Il est emprunté à un passage de Daniel (vii, 13), où, dans une vision, le Messie apparaît à ce prophète comme Fils de l’homme, c’est-à-dire comme homme, ou sous la forme d’un homme, pour marquer que c’est en s’incarnant, en se faisant homme, que le Verbe éternel devait accomplir son œuvre, la rédemption du monde. Quoique cette formule, prise en elle-même et isolément, n’ait rien de caractéristique, et figure d’ordinaire dans l’Ancien-Testament comme une simple locution biblique, un peu plus solennelle si l’on veut, qui désigne un homme, quelquefois un prophète, cependant comme Daniel, dans l’endroit cité plus haut, parle certainement du Messie, et comme les docteurs juifs contemporains de Notre-Seigneur entendaient ainsi ce passage, Jésus, en prenant le titre de Fils de l’homme, se dési-