Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/496

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mon serviteur, qu’il me suive[1], et où je suis[2], là sera aussi mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera[3]. Maintenant mon âme est troublée[4], et que dirai-je[5] ? Mon Père, sauvez-moi de cette heure[6]. Mais c’est pour cela que je suis arrivé à cette heure[7]. Mon Père, glorifiez votre nom. Et une voix vint du ciel : Je l’ai glorifié, et je le glorifierai encore[8]. La foule qui était là, et qui avait entendu, disait : Le tonnerre gronde ; d’autres disaient : Un ange lui a parlé. Jésus répondit : Ce n’est pas pour moi que cette voix est venue, mais à cause de vous. C’est maintenant le jugement du monde ; c’est main-

  1. Dans les persécutions et la mort même.
  2. Dans l’éternelle béatitude.
  3. D’une gloire semblable à celle du Fils.
  4. A la pensée de ma mort prochaine.
  5. Quelle prière adresserai-je à mon Père ?
  6. Cette heure, c’est-à-dire le temps de sa passion et de sa mort. Comp. Matth. xxvi, 39 ; Marc, xiv, 36 ; Luc, xxii, 42.
  7. Notre-Seigneur, qui connaissait les décrets de son Père, se représente que sa mort procurera la gloire de Dieu et le salut du genre humain, et triomphe ainsi de l’effroi instinctif qu’éprouvait sa sainte humanité en face des douleurs de la passion. Jésus se parle à lui-même : Mais c’est pour cela, c’est-à-dire pour le salut des hommes ; Patrizzi : pour la gloire de mon Père (vers. 28). — L’analogie de ce passage avec l’agonie de Notre-Seigneur au jardin des Oliviers racontée par les synoptiques, est évidente. On voit par là combien est peu fondée l’assertion d’un incrédule célèbre, savoir, que Jésus, dans saint Jean, ne laisse apercevoir aucune de ces défaillances que lui attribuent les trois autres Évangélistes, spécialement avant sa passion.
  8. Votre nom, vous-même, l’essence divine, Dieu ; c’est-à-dire, faites que je subisse la mort qui fera éclater vos attributs, la sévérité de votre justice et votre amour pour les hommes : je suis prêt. — Je l’ai glorifié par l’obéissance parfaite de mon Fils, qui s’est offert à moi tout entier pendant sa vie et s’offre maintenant d’une manière spéciale. — Je le glorifierai encore, en acceptant le sacrifice que mon Fils m’offrira sur la croix. Ainsi trois fois Dieu le Père glorifia Jésus-Christ par une voix du ciel : au baptême, à la transfiguration, avant la passion, c’est-à-dire au commencement, au milieu, à la fin de la vie publique de Jésus.