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Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour[1]. Car ma chair est vraiment une nourriture, et mon sang est vraiment un breuvage[2]. Celui qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi, et moi en lui[3]. Comme mon Père qui est vivant[4] m’a envoyé, et que je vis par mon Père[5] : de même celui qui me

    elles avaient une signification métaphorique, il aurait averti ses lecteurs et prévenu ainsi une confusion inévitable. Ainsi, quand même il ne serait pas impossible de démontrer que ce passage, seul et isolé, répugne à une interprétation allégorique, nous ne craignons pas d’avancer que, mis en regard des paroles de l’institution, et surtout de l’usage de la sainte Eucharistie répandu parmi les premiers fidèles, il n’admet-pas d’autre sens que celui qu’il a reçu de la tradition unanime de l’Église catholique. La conduite de Notre-Seigneur vis-à-vis des Juifs incrédules nous fournira bientôt un autre argument non moins solide (vers. 67).

  1. « Celui, dit saint Basile, qui est régénéré, qui a la vie par le baptême, doit l’entretenir en lui par la participation aux mystères sacrés. » C’est pour cela que l’Église fait un devoir rigoureux aux fidèles de s’approcher, au moins une fois chaque année, de la table du Seigneur. Il ne suit pas d’ailleurs de ces paroles que tous doivent nécessairement recevoir le Seigneur sous les deux espèces du pain et du vin ; car, comme il arrive souvent dans le style biblique, la conjonction et est mise ici pour ou ; en outre, on sait que Jésus-Christ est présent tout entier sous chaque espèce. La communion sous les deux espèces n’est de rigueur que pour les prêtres qui offrent le sacrifice de la messe, où l’immolation du Sauveur et l’effusion de son sang sont figurées et représentées par la distinction des espèces sacramentelles. Allioli.
  2. Vraiment, non en figure. Notre-Seigneur n’indique pas ici la manière dont il donnera sa chair à manger ; il l’expliquera en instituant l’Eucharistie.
  3. Saint Chrysostome appelle cette union le mélange de Jésus-Christ avec l’homme. Saint Cyrille : Non seulement Jésus-Christ nous rend participants de son amour, mais encore de sa nature ; car comme deux morceaux de cire fondus par les ardeurs du feu s’unissent entre eux, ainsi Jésus-Christ s’unit avec nous ; il est en nous, et nous en lui. Ce vers. et le suiv. expliquent pourquoi Jésus-Christ a dit que celui qui reçoit dignement son corps et son sang aura la vie éternelle.
  4. Vivant par lui-même, et source de vie pour les autres.
  5. Par mon Père : le Père, en m’engendrant, me communique sa divinité, qui est essentiellement vie.