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Voici celui dont je disais : « Celui qui doit venir après moi a été fait plus grand que moi, parce qu’il était avant moi. » Et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce sur grâce[1]. Car la Loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité nous sont venues par Jésus-Christ[2]. Personne n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, nous l’a fait connaître[3].

    même portée que les vers. 6-8. — Rend, pour rendait, présent historique, pour l'imparfait. — En grec, celui qui vient après moi. Saint Jean-Baptiste avait commencé à prêcher avant que Jésus, moins âgé de six mois que le Précurseur, entrât dans sa vie publique. — Sens : A la priorité d’origine et d’existence doit répondre dans le Fils de Dieu une priorité de rang et de puissance sur Jean-Baptiste. En d’autres termes : Jésus a été en son humanité glorifié au-dessus de Jean-Baptiste, parce que, par sa divinité, il est avant lui. Le P. Patrizzi et la plupart des modernes : A été fait ou est né (existait) avant moi, car il était antérieur à moi comme Verbe.

  1. L’Evangéliste reprend la parole. Plénitude, de grâce et de vérité. — Et, savoir. — Grâce sur grâce, forme hébr. du superlatif, c’est-à-dire une grande abondance de grâces. Patrizzi avec la plupart des anciens : Grâce pour grâce, la grâce de la Loi nouvelle à la place de la Loi ancienne.
  2. Dans le Nouv. Testament, outre la Loi (la vérité), il y a la grâce, et c’est ce qui le rend si supérieur à l’Ancien Les Épîtres aux Romains et aux Galates ne sont que le développement de cette pensée.
  3. Saint Chrysostome : Moïse n’a jamais vu Dieu tel qu’il est en lui-même et dans son essence ; la révélation donnée par lui est donc imparfaite et inférieure à celle du Fils de Dieu. Patrizzi : Sans doute, aucun mortel n’a vu Dieu ; mais son Fils, qui est dans son sein, a révélé lui-même les hautes vérités renfermées dans ce Prologue. — La pensée de ce verset ne serait-elle pas que Jésus-Christ a mérité aux élus la vision intuitive, le bonheur de voir Dieu face à face et dans son essence ? — « Jamais personne n’a vu Dieu ; mais son Fils unique, qui est dans le sein de son Père, va nous découvrir le secret du sein paternel. Si Jésus-Christ n’était qu’une créature, Jean en aurait-il parlé ainsi ? Qui jamais a ainsi parlé, ou d’Elie, un si grand prophète, ou de Salomon, ou de David, de si grands rois, ou de Moïse lui-même ? Aussi n’étaient-ils tous que des serviteurs ; mais Jésus-Christ est le Fils unique (Hebr. m, 5, 6). S’il est éternellement dans le sein du Père, il ne peut pas être d’une nature inférieure ou dégénérante : autrement il avilirait, pour ainsi parler, le sein où il demeure. Abaissons-nous donc à ses pieds : c’est le seul moyen de nous élever. » Bossuet.