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dition unanime des anciens, qui nomment saint Jean comme le dernier Évangéliste dans l’ordre des temps. Leur témoignage, qui sera confirmé plus bas par des raisons intrinsèques, nous conduit déjà après le martyre de saint Pierre et de saint Paul[1]. Mais nous pouvons descendre jusqu’au delà du siège de Jérusalem. Non-seulement saint Jean ne mentionne pas la prédiction de la ruine de cette ville : on pourrait dire qu’il n’a pas voulu, sur ce point, comme sur beaucoup d’autres, reprendre le récit des synoptiques ; mais, selon la remarque de Hug, il parle de certains lieux de la ville sainte et du voisinage comme n’existant plus au temps où il écrit : ce qui suppose une grande catastrophe qui aurait tout bouleversé[2]. Faut-il dépasser beaucoup cette date de l’an 70 où nous sommes arrivés, et aller jusqu’à la fin de la vie de l’apôtre ? Ici les raisons tout à fait décisives font défaut. Si, avec le Dr Reithmayr, on respecte l’autorité du Fragment de Muratori, d’après lequel saint Jean, lorsqu’il rédigea son Évangile, avait autour de lui plusieurs disciples de Notre-Seigneur, entre autres saint

  1. Le P. Patrizzi tire cette première conclusion de deux passages du quatrième Évangile où il est question de saint Pierre. Voici le premier : « Jésus dit cela, indiquant par quelle mort Pierre glorifierait Dieu (xxi, 19). » Ce langage, dit le P. Patrizzi, suppose évidemment que saint Pierre avait déjà confessé la foi. Le deuxième est celui où nous lisons que ce fut saint Pierre qui coupa l’oreille à Malchus (xviii, 10). Les synoptiques n’ont garde de nommer l’auteur de cet acte, encore en vie au moment où ils écrivaient, et ils disent simplement : « Un de ceux qui étaient avec Jésus (Matth. xxvi, 51) ; » mais, saint Pierre mort, il n’y avait plus aucun motif pour taire son nom.
  2. Chap. xi, 18 ; xviii, 1 ; xix, 41, 89. « Béthanie était près de Jérusalem… où il y avait un jardin. » S’il parle au présent de la piscine de Bethsaïde (v, 2), c’est qu’elle survécut à la ruine de Jérusalem ; en effet, Eusèbe la mentionne, et de nos jours M. de Saulcy l’a décrite encore dans son intéressant voyage.