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toute violence et de toute fraude, et contentez-vous de votre paye[1].

15 Or, comme le peuple flottait dans ses pensées, et que tous se demandaient dans leurs cœurs, à l’égard de Jean, s’il ne serait pas le Christ, Jean leur dit à tous : Moi, je vous baptise dans l’eau ; mais un autre va venir, plus puissant que moi, et dont je ne suis pas digne de délier la courroie de la chaussure ; lui, il vous baptisera dans l’Esprit-Saint et le feu[2]. Sa main tient le van, et il nettoiera son aire, et il amassera le froment dans son grenier, et il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteint point.

  1. « La colère de Dieu est pressante et redoutable ; mais consolez-vous, puisque vous avez dans l’aumône un moyen de l’éviter. Partagez vos biens avec les pauvres. Il ne nous dit pas de tout quitter ; c’est bien là un conseil pour quelques-uns, mais pas un commandement pour tous. Il ne vous accable donc pas d’excessives rigueurs. Et que dit-il aux publicains, ces gens de tout temps si odieux, les oblige-t-il à tout quitter ? Non, pourvu qu’ils ne fassent rien au-delà des ordres qu’ils ont reçus. Car la puissance publique peut imposer des tributs pour le soutien de l’État. Il ne dit non plus aux gens de guerre : Quittez l’épée, renoncez à vos emplois ; mais : Ne faites point de concussion ; contentez-vous de votre solde. Le prince rendra compte à Dieu, et des tributs qu’il impose, et des guerres qu’il entreprend ; mais ses ministres, qui, sans inspirer de mauvais conseils, ne font qu’exécuter les ordres publics, sont à couvert aux yeux de Dieu par l’autorité de Jean. Jésus viendra donner les conseils de perfection : Jean s’attache aux préceptes, et sans prêcher aucun excès, il console tout le monde en ouvrant la porte du ciel aux emplois non-seulement les plus dangereux, mais encore les plus odieux, s’ils sont nécessaires, pourvu qu’on s’y renferme dans les règles. » Bossuet.
  2. « Dans une si haute réputation, et d’autant plus glorieuse qu’elle était moins recherchée, Jean-Baptiste demeure toujours humble, toujours modeste. Il n’est rien de ce qu’on pense ; il n’est point Élie, il n’est point prophète, et bien loin d’être le Messie, il n’est pas digne, dit-il, de lui délier ses souliers ; car il se sert même de cette expression basse, afin de s’avilir tout à fait, et cette main vénérable de laquelle le Fils de Dieu a voulu être baptisé, cette main qu’il a élevée, dit saint Chrysostome, jusqu’au haut de sa tête, n’ose pas même toucher à ses pieds. » Bossuet.