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prendre sa femme et susciter des enfants à son frère[1]. Or il y avait sept frères ; le premier prit une femme, et mourut sans laisser d’enfants. Le second la prit ensuite, et mourut aussi sans laisser d’enfants. Il en arriva de même au troisième, et chacun des sept la prit à son tour et ne laissa point d’enfants. Enfin, après eux tous, mourut aussi la femme. Lors donc qu’au temps de la résurrection ils ressusciteront, duquel d’entre eux sera-t-elle la femme ? car tous les sept l’ont eue pour épouse. Jésus leur répondit : Ne voyez-vous pas que vous êtes dans l’erreur, ne comprenant ni les Écritures, ni la puissance de Dieu ? Car, après la résurrection des morts, les hommes n’auront point de femmes, ni les femmes de maris ; mais ils seront comme les anges dans le ciel. Et touchant la résurrection des morts, n’avez-vous pas lu dans le livre de Moïse, au récit du Buisson[2], ce que Dieu lui dit : « Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob ? » Il n’est point le Dieu des morts, mais des vivants. Vous vous trompez donc beaucoup[3].

  1. Deutér. xxv, 5-10. De là la distinction entre la descendance naturelle et la descendance légale, distinction d’où il faut partir pour concilier entre elles les deux généalogies de Notre-Seigneur, données par saint Matthieu et saint Luc.
  2. C’est-à-dire l’endroit où il est parlé du buisson ardent (Exod. iii, 4 ; c’est de cette manière, dit Jablonski, que les anciens docteurs juifs, dont les livres n’étaient pas divisés en chapitres et en versets, indiquaient leurs citations.
  3. Les Sadducéens niaient la résurrection parce que, regardant l’âme comme matérielle, ils croyaient qu’elle ne survivait pas au corps, et que, par conséquent, la mort anéantissait l’homme tout entier. C’est ce dernier point, base de leur système, que réfute le Sauveur. Dieu n’est pas le Dieu des morts, c’est-à-dire de ceux qui n’existent pas, dont il ne reste plus rien ; mais des vivants, au moins quant à leur âme : voilà la majeure du raisonnement. Pour que la conséquence soit légitime, il faut que la mineure soit prise dans le même sens que la majeure ; ainsi il ne faut pas expliquer : Je suis