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rent un cri. Car tous l’avaient aperçu et étaient effrayés. Aussitôt il leur parla et leur dit : Ayez confiance, c’est moi, ne craignez point. Il monta ensuite avec eux dans la barque, et le vent cessa, et leur étonnement était au comble[1] ; car ils n’avaient pas compris le miracle des pains, parce que leur cœur était aveuglé[2].

53 Après avoir traversé le lac, ils vinrent au territoire de Génésareth et y abordèrent. Et dès qu’ils furent sortis de la barque, les gens du pays reconnurent Jésus[3]. Et parcourant toute la contrée, ils lui apportèrent les malades dans des lits, partout où ils entendaient dire qu’il était. Et en quelque lieu qu’il entrât, dans les villages, dans les hameaux et dans les villes, ils mettaient les malades sur les places publiques, et le priaient de les laisser seulement toucher la houppe de son manteau ; et tous ceux qui la touchaient étaient guéris[4].

  1. « Nous voyons dans l’Écriture que tantôt l’Église est bâtie sur une pierre immobile (Luc, vi, 48), et tantôt comme un navire qui flotte au milieu des ondes au gré des vents et des tempêtes : si bien qu’il paraît qu’il n’est rien de plus faible que cette Église, puisqu’elle est ainsi agitée ; et qu’il n’est rien aussi de plus fort, puisqu’on ne la peut jamais renverser, et qu’elle demeure toujours immuable, malgré les efforts de l’enfer. L’Évangile nous la représente ici parmi les flots, portée de çà et de là par un vent contraire. Et, ce qui est plus surprenant, c’est que Jésus, qui est son appui, semble l’abandonner à la tempête, il s’approche et il veut passer, comme si son péril ne le touchait pas. Toutefois, ne croyez pas qu’il l’oublie : il permettra bien que les flots l’agitent, mais non pas qu’ils la submergent, ni qu’ils l’engloutissent. Il commande aux vents, et ils s’apaisent ; il entre dans le navire, et il arrive sûrement au port : afin que nous entendions qu’il n’y a rien à craindre pour l’Église, parce que le Fils de Dieu la protège. » Bossuet.
  2. Le miracle de la multiplication des pains n’avait pas suffi pour leur montrer dans Jésus un Dieu. Mais ce nouveau prodige dissipa leur aveuglement : voyez Matth. xiv, 33.
  3. Patrizzi : surent qu’il était revenu dans leur pays ; la nouvelle s’en répandit promptement.
  4. Les faits racontés dans les vers. 55 et 56, se sont passés aux