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tère ; et celui qui épouse une femme renvoyée, se rend adultère[1].

10 Ses disciples lui dirent : Si telle est la condition de l’homme à l’égard de sa femme, il n’est pas bon de se marier. Il leur dit : Tous ne comprennent pas cette parole[2], mais seulement ceux à qui il a été donné. Car il y a des eunuques nés tels dès le sein de leur mère ; il y a des eunuques qui le sont devenus par la main des hommes ; et il y a des eunuques qui volontairement se sont rendus ainsi pour le royaume des cieux[3]. Que celui qui peut comprendre, comprenne.

13 Alors on lui présenta des petits enfants pour qu’il leur imposât les mains en priant. Et comme les disciples les[4] repoussaient, Jésus leur dit : Laissez ces enfants, et ne les empêchez pas de venir à moi, car le royaume des cieux appartient à ceux qui leur ressem-

  1. Pour bien comprendre ce passage, il faut le comparer avec les autres endroits du Nouveau Testament, où il est également question du divorce. Dans saint Marc (x, 11) et dans saint Luc (xvi, 19) le divorce est absolument interdit en ces termes : « Quiconque renvoie sa femme et en prend une autre, viole le mariage ; » au contraire, dans saint Matthieu, Jésus-Christ permet le renvoi en cas d’adultère. Saint Paul fait disparaître cette apparente contradiction dans sa 1re Épître aux Corinthiens : « La femme ne doit pas se séparer de son mari ; si elle s’en sépare, qu’elle demeure hors du mariage… Et l’homme ne doit pas non plus renvoyer sa femme. La femme est liée aussi longtemps que le mari est en vie ; si son mari vient à mourir, alors elle est libre : qu’elle se marie si elle veut, mais dans le Seigneur. » Il y a donc un renvoi de la femme par son mari qui ne dissout pas le lien du mariage, renvoi qui n’est pas le divorce proprement dit, mais une simple séparation de corps et de biens ; et c’est de ce renvoi que parle ici saint Matthieu. C’est dans ce sens que s’est prononcé le concile de Trente, Sess. xxiv, can. 7.
  2. Savoir, qu’il n’est pas bon de se marier.
  3. Qui s’abstiennent du mariage et embrassent la continence comme étant un état de vie plus parfait et plus élevé dans l’Église (concile de Trente, Sess. xxiv, can. 10).
  4. Ceux qui présentaient les enfants.