Page:Augustin Crampon - La Bible, édition en un volume, Desclée, 1904.djvu/490

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Chap. X, 12.
Chap. XII, 6.
LIVRE D’ESTHER.


toutes les nations. 12Et Dieu s’est souvenu de son peuple, et il a rendu justice à son héritage. 13Et ces jours du mois d’Adar, le quatorzième et le quinzième de ce mois, seront célébrés par eux en assemblée, avec joie et allégresse devant Dieu, durant les générations à perpétuité, dans Israël son peuple.”

Apostille de la version grecque.

[11]La quatrième année du règne de Ptolemée et de Cléopatre, Dosithée, qui se disait prêtre et de la race de Lévi, ainsi que Ptolemée son fils, apporta cette lettre des Phrouraï, qu’ils dirent être authentique et avoir été traduite par Lysimaque fils de Ptolemée, résidant à Jérusalem.

FRAGMENTS DÉTACHÉS.

ACHAP. XI, 3. — XII.Prologue : Songe de Mardochée. Origine de sa grandeur et de la haine d’Aman contre lui [1].

[2]La seconde année du règne d’Assuérus, le grand roi, le premier jour du mois de Nisan, Mardochée, fils de Jaïr, fils de Séméi, fils de Cis, de la tribu de Benjamin, eut un songe. 3C’était un Juif qui demeurait dans la ville de Suse, homme illustre et attaché à la cour du roi. 4Il était du nombre des captifs que Nabuchodonosor, roi de Babylone, avait transportés de Jérusalem avec Jéchonias roi de Juda. — 5Voici quel fut son songe : Soudain on entendit des voix, un grand bruit et des tonnerres ; la terre trembla et fut bouleversée. 6Puis soudain, deux grands dragons s’avancèrent, tous deux prêts à combattre. 7Ils firent entendre un grand cri et, à leur voix, toutes les nations se préparèrent à la lutte, pour combattre le peuple des justes. 8Puis soudain, ce fut un jour de ténèbres et d’obscurité ; il y eut angoisse, détresse, tribulation et grande épouvante sur la terre. 9Le peuple entier des justes, craignant pour lui tous les maux, était dans le trouble et se préparait à périr. 10Ils crièrent vers Dieu et, à leurs cris, il y eut comme une petite source d’où sortit un grand fleuve, une masse d’eau. 11La lumière et le soleil brillèrent ; ceux qui étaient dans l’humiliation furent élevés et ils dévorèrent ceux qui étaient dans les honneurs. 12S’étant levé après avoir vu ce songe et ce que Dieu avait résolu de faire, Mardochée le retint gravé dans son esprit et, jusqu’à la nuit, il fit tous ses efforts pour le comprendre.

12Puis Mardochée demeura à la cour avec Bagathan et Tharès, les deux eunuques du roi gardiens de la porte du palais. 2Ayant connu leurs pensées et pénétré leurs desseins, il découvrit qu’ils s’étaient proposés de porter la main sur le roi Assuérus, et il en donna avis au roi. 3Celui-ci fit mettre à la question les deux eunuques et, sur leur aveu, les envoya au supplice. 4Le roi fit écrire dans les Chroniques ce qui s’était passé, et Mardochée en consigna aussi par écrit le souvenir. 5Et le roi ordonna qu’il exercerait un office dans le palais, et il lui donna des présents pour sa dénonciation. [6]Mais Aman, fils d’Amadatha, l’Agagite, était en grand honneur auprès du roi, et il voulut perdre Mardochée et son peuple, à cause des deux eunuques du roi qui avaient été mis à mort [2].


XI, 1. Ce verset, qui se lit à la fin du texte grec d’Esther, nous apprend dans quelles circonstances la traduction grecque de cette lettre (c.-à-d. du livre d’Esther tout entier, ix, 20) fut apportée de Palestine en Egypte. On ne le trouve pas dans un manuscrit qui nous reste de l’ancienne version latine antérieure à S. Jérôme. — Phrouraï, voir ix, 26 note. — être authentique, litt. être (cette lettre). La Vulg. omet ce mot.

2. Assuérus, Vulg. Artaxerxès. Ce nom vient de la version grecque que S. Jérôme traduit ici, et qui, dans tout le livre, rend par Artaxerxès l’hébreu Achaschvérôsch. Nous avons conservé la forme Assuérus qui répond mieux au texte original.

XII, 6. L’Agagite : la Vulg., avec les LXX, appelle ici Aman le Bugéen, en gr. Bougaios. Plusieurs donnent à ce mot le sens de vantard, imposteur (Homère, Iliad, xiii, 824) ; d’autres, celui d’eunuque (comp. Bagoas, Jud. xii, 11). Mais comme le grec Bugéen (Ugéen dans quelques exemplaires) apparaît toujours comme traduction de l’hébreu Agâgi (iii, 1 etc.), il est assez naturel d’y voir une altération du mot Agagéen.

  1. De même, ce début existait dans l’édition vulgate (les LXX) ; mais on ne le trouve ni dans l’hébreux, ni dans aucun interprète. (Note de S. Jérôme.) Les interprètes dont il est ici fait mention sont les anciennes traductions grecques de la Bible, différentes des LXX, et reproduites par Origène dans les Hexaples, où S. Jérôme pouvait les consulter. Mais elles sont toutes postérieures à l’ère chrétienne, et par conséquent leur silence ne peut contrebalancer le témoignage positif de l’antique version alexandrine, en faveur de l’authenticité des passages contestés.
  2. Ce qui précède est l’avant-propos. Ce qui suit était à l’endroit du livre où il est écrit : Et ils pillèrent leurs biens ou leurs richesses. Nous l’avons trouvé dans la seule édition Vulgate. (Note de S. Jérôme).
    Observons qu’à l’endroit indiqué (iii, 13) les textes grec et latin portent non pas : ils pillèrent, mais : pour qu’ils pillassent.
— 482 —