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Chap. XX, 8.
Chap. XX, 33.
Ier LIVRE DES ROIS.


mes femmes et mes enfants, mon argent et mon or, et je ne lui avais pas refusé.” 8Tous les anciens et tout le peuple dirent à Achab : “ Ne l’écoute pas et ne consens pas.” 9Achab répondit donc aux messagers de Benhadad : “ Dites à mon seigneur le roi : Tout ce que tu as envoyé demander à ton serviteur la première fois, je le ferai, mais pour cette chose, je ne puis la faire.” Les messagers s’en allèrent, et lui portèrent la réponse. 10 Benhadad envoya dire à Achab : “ Que les dieux me traitent dans toute leur rigueur, si la poussière de Samarie suffit pour remplir le creux de la main de tout le peuple qui me suit ! ” 11Et le roi d’Israël répondit : “ Que celui qui revet son armure ne se glorifie pas comme celui qui la dépose ! ” 12Lorsque Benhadad entendit cette réponse, il était à boire avec les rois sous les huttes, et il dit à ses serviteurs : “ Prenez vos positions ! ” Et ils prirent leurs positions contre la ville.

13Mais voici qu’un prophète, s’approchant d’Achab, roi d’Israël, lui dit : “ Tu vois toute cette grande multitude ? Je vais la livrer aujourd’hui entre tes mains, afin que tu saches que je suis Jéhovah.” 14Achab dit : “ Par qui ?” Et il répondit : “ Par les serviteurs des chefs des provinces.” Achab dit : “ Qui engagera le combat ?” Et il répondit : “ Toi.” 15Alors Achab passa en revue les serviteurs des chefs des provinces, et il s’en trouva deux cent trente-deux ; après eux, il passa en revue tout le peupie, tous les enfants d’Israël : ils étaient sept mille.

16Ils firent une sortie à midi, pendant que Benhadad buvait et s’enivrait sous les huttes, lui et les trente-deux rois, ses auxiliaires. 17Les serviteurs des chefs des provinces étaient sortis au premier rang. Benhadad envoya aux informations, et on lui fit ce rapport : “ Des hommes sont sortis de Samarie.” 18Il dit : “ S’ils sortent pour la paix, prenez-les vivants ; s’ils sortent pour le cambat, prenez-les vivants.” 19Lorsque les serviteurs des chefs des provinces, suivis de l’armée, furent sortis de la ville, 20chacun frappa son homme, et les Syriens prirent la fuite. Israël les poursuivit. Benhadad, roi de Syrie, se sauva sur un cheval, avec des cavaliers. 21Le roi d’Israël sortit, frappa les chevaux et les chars, et fit éprouver aux Syriens une grande défaite.

22Alors le prophète s’approcha du roi d’Israël et lui dit : “ Va, fortitie-toi, examine et vois ce que tu as à faire ; car, au retour de l’année, le roi de Syrie montera contre toi.”

23Les serviteurs du roi de Syrie lui dirent : “ Les dieux d’Israël sont des dieux de montagnes ; c’est pourquoi ils ont été plus forts que nous ; mais combattons-les dans la plaine, et sûrement nous serons plus forts qu’eux. 24Fais encore ceci : ôte chacun des rois de son poste, et mets des chefs à leur place, 25et forme-toi une armée egale à celle que tu as perdue, avec autant de chevaux et autant de chariots. Nous les combattrons alors dans la plaine, et sûrement nous serons plus forts qu’eux.” Il se rendit à leur conseil et fit ainsi. 26Au retour de l’année, Benhadad passa les Syriens en revue, et monta vers Aphec pour combattre Israël. 27Les enfants d’Israël furent aussi passés en revue ; ils reçurent des vivres et ils s’avancèrent à la rencontre des Syriens. Ils campèrent vis-à-vis d’eux, semblables à deux petits troupeaux de chèvres, tandis que les Syriens remplissaient le pays.

28Un homme de Dieu s’approcha et dit au roi d’Israël : “ Ainsi parle Jéhovah : Parce que les Syriens ont dit : Jéhovah est un dieu des montagnes, et non un dieu des vallées, je livrerai entre tes mains toute cette grande multitude, et vous saurez que je suis Jéhovah. 29Ils campèrent sept jours en face les uns des autres. Le septième jour, le combat s’engagea, et les enfants d’Israël tuèrent aux Syriens cent mille hommes de pied en un jour. 30Le reste s’enfuit à la ville d’Aphec, et la muraille tomba sur vingt-sept mille hommes qui restaient.

31Benhadad s’était enfui et il allait dans la ville de chambre en chambre. Ses serviteurs lui dirent : “ Nous avons appris que les rois de la maison d’Israël sont des rois cléments ; permets que nous mettions des sacs sur nos reins et des cordes à nos têtes, et que nous sortions vers le roi d’Israël : peut-être qu’il te laissera la vie.” 32Ils se mirent des sacs sur les reins et des cordes autour de la tête, et s’etant rendus auprès du roi d’Israël, ils dirent : “ Ton serviteur Benhadad dit : Daigne me laisser la vie ! ” Achab répondit : “ Est-il encore vivant ? Il est mon frère.” [33]Ces hommes tirèrent de là un heureux augure, et saisissant


XX, 33. Saisissant… cette parole, ils la répétèrent, afin de fixer en quelque sorte et d’empêcher Achab de la retirer. En Orient, si quelqu’un à qui on demande protection, a laissé échapper de ses lèvres un mot amical, ce mot est sacré, il doit être tenu. C’est ce qu’on appelle chez les Arabes la loi du dakhel. D’autres traduisent les premiers mots du verset, ces

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