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les livres de samuel


Premier Livre

selon la vulgate. premier des rois.

PREMIÈRE PARTIE

MINISTÈRE DE SAMUEL [Ch. I — VII].

CHAP. I.Naissance de Samuel. Sa consécration à Dieu.

1
Il y avait un homme de Ramathaïm-Sophim, de la montagne d’Ephraïm, nommé Elcana, fils de Jéroham, fils d’Eliu, fils de Thohu, fils de Suph, Ephratéen. 2Il avait deux femmes, dont l’une s’appelait Anne, et l’autre Phénenna ; et Phénenna avait des enfants, mais Anne était sans enfants. [3]Cet homme montait de sa ville, chaque année, pour adorer Jéhovah des armées et lui offrir des sacrifices à Silo. Là étaient les deux fils d’Héli, Ophni et Phinées, prêtres de Jéhovah. 4Le jour ou Elcana offrait son sacrifice, il donnait des portions de la victime à Phénenna, sa femme, et à tous ses fils et à toutes ses filles ; [5]et il donnait à Anne une double portion, car il aimait Anne, et Jéhovah l’avait rendue stérile. 6Sa rivale l’affligeait encore extrêmement, afin de l’aigrir de ce que Jéhovah l’avait rendue stérile. 7Et chaque année Elcana faisait ainsi, toutes les fois qu’elle montait à la maison de Jéhovah, et Phénenna la mortifiait de la même manière. Alors elle pleurait et ne mangeait point. [8]Elcana, son mari, lui disait : “ Anne, pourquoi pleures-tu et ne manges-tu pas ? pourquoi ton cœur est-il triste ? Est-ce que je ne suis pas pour toi plus que dix fils ?”

9Anne se leva, après qu’on eut mangé et but à Silo. — Héli, le grand prêtre, était assis sur un siège devant la porte du temple de Jéhovah. — 10L’âme pleine d’amertume, elle pria Jéhovah et versa beaucoup de larmes ; 11et elle fit un vœu, en disant : “ Jéhovah des armées, si vous daignez regarder l’affliction de votre servante, si vous vous souvenez de moi et n’oubliez point votre servante, et si vous lui donnez un enfant mâle, je le consacrerai à Jéhovah pour tous les jours de sa vie, et le rasoir ne passera pas sur sa tête.” 12Comme elle restait longtemps en prière devant Jéhovah, Héli observe sa bouche. 13Anne parlait en son cœur et remuait seulement les lèvres, sans que sa voix se fit entendre. Héli pensa donc qu’elle était ivre, [14]et il lui dit : “ Jusques à quand seras-tu dans l’ivresse ? Fais passer ton vin.” 15Anne répondit : “ Non, mon seigneur ; je suis une femme affligée dans son cœur ; je n’ai bu ni vin ni boisson enivrante, mais j’épanchais mon âme devant Jéhovah. [16]Ne prends pas ta servante pour une femme perverse, car c’est dans l’excès de ma peine et de ma douleur que j’ai parlé jusqu’ici.” 17Alors Héli lui dit : “ Va en paix, et que le Dieu d’Israël exauce la prière que tu lui as adressée ! ” 18Elle dit : “ Que ta servante trouve grâce à tes yeux ! ” Et cette femme alla son chemin ; elle mangea, et son visage n’était plus le même. 19Ils se levèrent de bon matin, et s’étant prosternés devant Jéhovah, ils s’en retournèrent et revinrent dans leur maison à Rama.


I, 3. Jéhovah des armées, locution abrégée pour Jéhovah, Dieu des armées (comp. Gen. ii, 1), qui paraît ici pour la première fois ; elle designe Jéhovah comme le Souverain des armées ou puissances célestes, visibles et invisibles, savoir des anges (Gen. xxxii, 2 ; Deut. xxxiii, 2) et des astres (Is. xl, 26. Comp. Ps. cii, 21 ; cxlviii, 2).

5. Double portion, litt. une portion de deux figures ou personnes, pour signifier qu’il l’aimait autant que si elle lui avait donné un fils (comp. Gen. xliii, 34 ; I Sam. ix, 23). Vulg., il donna à Anne une seule part avec tristesse. Au lieu de àppaïm, deux figures, les LXX ont àppam, seulement : il donnait à Anne une seule portion, quoiqu’il l’aimait, parce que Jéhovah l’avait rendue stérile, et qu’il ne voulait pas exciter la jalousie de Phénenna.

8. LXX, Elcana, son mari lui disait : “ Anne.” Elle lui disait : “ Me voici, Seigneur : ” addition inutile.

14. Fais passer, (litt. éloigne de toi) ton vin, en allant dormir. Les LXX mettent ces paroles dans la bouche du serviteur d’Héli, sans doute parce qu’elles leur paraissaient choquantes.

16. Une femme perverse ; litt. de rien ; Vulg., une fille de Bélial : voy. Deut. xiii, 13.

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