le septième des descendants d’Adam ? L’apôtre saint Jude ne dit-il pas dans son épître canonique qu’il a prophétisé ? Que si les écrits de ces personnages ne sont pas reçus comme canoniques par les Juifs, non plus que par nous, cela ne vient que de leur trop grande antiquité qui les a rendus suspects. Je sais bien qu’on produit quelques ouvrages dont l’authenticité ne paraît pas douteuse à ceux qui croient vrai tout ce qui leur plaît ; mais l’Église ne les reçoit pas, non qu’elle rejette l’autorité de ces grands hommes qui ont été si agréables à Dieu, mais parce qu’elle ne croit pas que ces ouvrages soient de leur main. Il ne faut pas trouver étrange que des écrits si anciens soient suspects, puisque, dans l’histoire des rois de Juda et d’Israël, il est fait mention de plusieurs circonstances qu’on chercherait en vain dans nos Écritures canoniques et qui se trouvent en d’autres prophètes dont les noms-ne sont pas inconnus et dont cependant les ouvrages n’ont point été reçus au nombre des livres canoniques. J’avoue que j’en ignore la raison ; à moins de dire que ces prophètes ont pu écrire certaines choses comme hommes et sans l’inspiration du Saint-Esprit, et que c’est celles-là que l’Église ne reçoit pas dans son canon pour faire partie de la religion, bien qu’elles puissent être d’ailleurs utiles et véritables. Quant aux ouvrages qu’on attribue aux prophètes et qui contiennent quelque chose de contraire aux Écritures canoniques, cela seul suffit pour les convaincre de fausseté.
CHAPITRE XXXIX.
Il ne faut donc pas s’imaginer, comme font quelques-uns, que la langue hébraïque seule ait été conservée par Héber, qui a donné son nom aux Hébreux, et qu’elle soit passée de lui à Abraham, tandis que les caractères-hébreux n’auraient commencé qu’à la loi qui fut donnée à Moïse. Il est bien plus croyable que cette langue a été conservée avec ses caractères dès les époques primitives. En effet, nous voyons Moïse établir certains hommes pour enseigner les lettres, avant que la loi n’eût été dénuée, et l’Écriture les appelle[1] des introducteurs aux lettres, parce qu’ils les introduisaient dans l’esprit de leurs disciples, ou plutôt, parce qu’ils introduisaient leurs disciples jusqu’à elles. Aucune nation n’a donc droit de se vanter de sa science, comme étant plus ancienne que nos patriarches et nos prophètes, puisque l’Égypte même, qui a cou-turne de se glorifier de l’antiquité de ses lumières, ne peut prétendre à cet avantage. Personne n’oserait dire que les Égyptiens aient été bien savants avant l’invention des caractères, c’est-à-dire avant Isis. D’ailleurs, cette science dont on a fait tant de bruit et qu’ils appelaient sagesse, qu’était-elle autre chose que l’astronomie, et peut-être quelques autres sciences analogues, plus propres à exercer l’esprit qu’à rendre l’homme véritablement sage ? Et quant à la philosophie, qui se vante d’apprendre aux hommes le moyen de devenir heureux, elle n’a fleuri en ce pays que vers le temps de Mercure Trismégiste[2], longtemps, il est vrai, avant les sages ou les philosophes de la Grèce, mais toutefois après Abraham, Isaac, Jacob, Joseph, et même après Moïse ; car Atlas, ce grand astrologue, frère de Prométhée et aïeul maternel du grand Mercure, de qui Mercure Trismégiste fut petit-fils, vivait encore lorsque Moïse naquit[3].
CHAPITRE XL.
C’est donc en vainque certains discoureurs, enflés d’une sotte présomption, disent qu’il y a plus de quatre cent-mille ans que l’astrologie est connue en Égypte. Et de quel livre ont-ils tiré ce grand nombre d’années, eux qui n’ont appris à lire de leur Isis que depuis environ deux mille ans ? C’est du moins ce qu’assure Varron, dont l’autorité n’est pas peu considérable, et cela s’accorde assez bien avec l’Écriture sainte. Du moment donc que l’on compte à peine six mille ans depuis la création du premier homme, ceux qui avancent des opinions si contraires à une vérité reconnue ne méritent-ils pas plutôt des railleries que des réfutations ? Aussi bien, à qui nous en pouvons-nous mieux rapporter, pour les choses passées, qu’à celui qui a prédit des