hommes morts et à d’impurs démons ; à ce prix toute difficulté disparaîtra.
CHAPITRE XXIX.
Et en effet, tout ce que la théologie physique rapporte au monde, combien il serait plus aisé, sans crainte d’une opinion sacrilège, de le rapporter au vrai Dieu, Créateur du monde, principe de toutes les âmes et de tous les corps ! C’est ce qui résulte de ce simple énoncé de notre croyance : Nous adorons Dieu, et non pas le ciel et la terre, ces deux parties dont se compose le monde ; nous n’adorons ni l’âme ni les âmes répandues dans tous les corps vivants, mais le Créateur du ciel, de la terre et de tous les êtres, l’Auteur de toutes les âmes, végétatives, sensibles ou raisonnables.
CHAPITRE XXX.
Pour commencer à parcourir les œuvres de ce seul vrai Dieu, lesquelles ont donné lieu aux païens de se forger une multitude de fausses divinités dont ils s’efforcent vainement d’interpréter en un sens honnête les mystères infâmes et abominables, je dis que nous adorons ce Dieu qui a marqué à toutes les natures, dont il est le Créateur, le commencement et la fin de leur existence et de leur mouvement ; qui renferme en soi toutes les causes, les connaît et les dispose à son gré ; qui donne à chaque semence sa vertu ; qui a doué d’une âme raisonnable tels animaux qu’il lui a plu ; qui leur a départi la faculté et l’usage de la parole ; qui communique à qui bon lui semble l’esprit de prophétie, prédisant l’avenir par la bouche de ses serviteurs privilégiés, et par leurs mains guérissant les malades ; qui est l’arbitre de la guerre et qui en règle le commencement, le progrès et la fin, quand il a trouvé bon de châtier ainsi les hommes ; qui a produit le feu élémentaire et en gouverne l’extrême violence et la prodigieuse activité suivant les besoins de la nature ; qui est le principe et le modérateur des eaux universelles ; qui a fait le soleil le plus brillant des corps lumineux, et lui a donné une force et un mouvement convenables ; qui étend sa domination et sa puissance jusqu’aux enfers ; qui a communiqué aux semences et aux aliments, tant liquides que solides, les propriétés qui leur conviennent ; qui a posé le fondement de la terre et qui lui donne sa fécondité ; qui en distribue les fruits d’une main libérale aux hommes et aux animaux ; qui connaît et gouverne les causes secondes aussi bien que les causes premières ; qui a imprimé à la lune son mouvement ; qui, sur la terre et dans le ciel, ouvre des routes au passage des corps ; qui a doté l’esprit humain, son ouvrage, des sciences et des arts pour le soulagement de la vie ; qui a établi l’union du mâle et de la femelle pour la propagation des espèces ; qui enfin a fait présent du feu terrestre aux sociétés humaines pour en tirer à leur usage lumière et chaleur. Voilà les œuvres divines que le docte et ingénieux Varron s’est efforcé de distribuer entre ses dieux[1], par je ne sais quelles explications physiques, tantôt empruntées à autrui, et tantôt imaginées par lui-même. Mais Dieu seul est la cause véritable et universelle ; Dieu, dis-je, en tant qu’il est tout entier partout, sans être enfermé dans aucun lieu ni retenu par aucun obstacle, indivisible, immuable, emplissant le ciel et la terre, non de sa nature, mais de sa puissance. Si en effet il gouverne tout ce qu’il a créé, c’est de telle façon qu’il laisse à chaque créature son action et son mouvement propres ; aucune ne peut être sans lui, mais aucune n’est lui. Il agit souvent par le ministère des anges, mais il fait seul la félicité des anges. De même, bien qu’il envoie quelquefois des anges aux hommes, ce n’est point par les anges, c’est par lui-même qu’il rend les hommes heureux. Tel est le Dieu unique et véritable de qui nous espérons la vie éternelle.
CHAPITRE XXXI.
Outre les biens qu’il dispense aux bons et
- ↑ Tout lecteur attentif remarquera que l’énumération qui précède répond trait pour trait aux douze dieux choisis et à la suite de leurs attributions convenues.