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septième livre, on traite la question qui avait été différée et on explique que Dieu qui a engendré son Fils n’est pas seulement le Père de si vertu et de sa sagesse, mais qu’il est lui-même vertu et sagesse ; et aussi le Saint-Esprit, sans cependant qu’il y ait trois vertus et trois sagesses, mais une seule vertu et une seule sagesse, comme il n’y a qu’un seul Dieu et une seule essence. Puis on a demandé comment il se fait qu’on dise une essence, trois personnes, ou selon certains Grecs, une essence, trois substances ; et on a trouvé que le besoin de s’exprimer forçait à répondre par un seul mot à cette question : Qu’est-ce que les trois, ces trois que nous confessons en toute vérité, à savoir le Père, le Fils et le Saint-Esprit ? Dans le huitième livre, on a prouvé par des arguments sensibles pour les lecteurs intelligents, que, dans la substance de la vérité, non-seulement le Père n’est pas plus grand que le Fils, mais que les deux ne sont rien de plus grand que le Saint-Esprit, ou que deux personnes, que les trois mêmes réunies, ne sont rien de plus grand qu’une seule d’entre elles prise en particulier. Ensuite, par la vérité que l’intelligence découvre, par le souverain bien de qui tout bien découle, par la justice en vertu de laquelle l’âme juste est aimée même de l’âme qui ne l’est pas, j’ai cherché, autant que je l’ai pu, à faire comprendre cette nature, non-seulement immatérielle, mais encore immuable, qui est Dieu. Puis par la charité, qui est le nom même de Dieu, d’après les saintes Ecritures (I Jean, IV, 16 ), j’ai commencé à donner aux lecteurs intelligents une idée quelconque de la Trinité : celui qui aime, celui qui est aimé et l’amour qui les unit. Dans le neuvième, la discussion s’est établie sur l’image de Dieu, qui est l’homme en tant qu’intelligence, et nous y avons trouvé une certaine Trinité : l’âme, la connaissance qu’elle a d’elle-même, et l’amour qu’elle a pour elle-même et pour sa propre connaissance : trois choses qui sont démontrées égales et d’une seule essence. Dans le dixième, ce même sujet a été étudié plus attentivement et plus à fond, et nous avons été amené à reconnaître dans l’âme une trinité plus manifeste : sa mémoire, son intelligence et sa volonté. Mais comme il est évident qu’il n’est pas possible à l’âme de ne pas se souvenir d’elle-même, de ne pas se comprendre et de ne pas s’aimer, même quand elle ne pense pas à elle, et que, quand elle y pense, elle ne se sépare point par la pensée des objets matériels : nous avons différé de parler de la Trinité dont elle est l’image, afin de découvrir une trinité même dans les corps visibles et d’exercer ainsi la sagacité du lecteur. Dans le onzième livre, nous avons choisi pour sujet de nos raisonnements le sens de l’œil, d’après lequel, sans autre explication, on peut porter sur les quatre autres sens un jugement analogue ; et nous y avons vu la trinité de l’homme extérieur : les objets vus au dehors, soit par exemple un corps exposé au regard ; puis la forme qui en résulte et s’imprime dans l’œil du spectateur, et ensuite la volonté qui les unit. Mais ces trois choses ne sont évidemment point égales entre elles, ni de même substance. Puis dans l’âme elle-même, une autre trinité est résultée des objets extérieurs et comme introduits par la porte des sens ; trinité composée de trois choses de même substance : l’image du corps restée dans la mémoire, l’information qui s’en fait quand la pensée y tourne son regard, et la volonté qui les unit l’une à l’autre. Mais cette trinité nous a paru appartenir à l’homme extérieur, puisqu’elle est produite par des sensations venues du dehors. Dans le douzième, nous avons cru devoir distinguer la sagesse de la science, et chercher dans ce qu’on appelle proprement la science et qui est d’une dignité inférieure, une certaine trinité particulière (sui generis) trinité qui appartient déjà, il est vrai, à l’homme intérieur, mais qu’on ne doit point encore appeler ni croire l’image de Dieu. C’est là l’objet du treizième livre, où le sujet est traité à l’aide de la foi chrétienne. Dans le quatorzième, la discussion roule sur la vraie sagesse, c’est-à-dire celle qui est un don de Dieu, une communication de Dieu, et est distincte de la science ; et enfin on arrive à découvrir la Trinité dans l’image de Dieu, c’est-à-dire dans l’âme humaine qui est renouvelée par la connaissance de Dieu selon l’image de Celui qui a créé l’homme (Col., III, 10 ) à son image (Gen., I, 27 ), et reçoit ainsi la sagesse là où se contemplent les vérités éternelles.


CHAPITRE IV.

CE QUE TOUTE CRÉATURE NOUS APPREND DE DIEU.


6. Cherchons donc la Trinité qui est Dieu