chante le Psalmiste : « Le Seigneur a jeté un regard sur les enfants des hommes, pour voir s’il en est un qui ait de l’intelligence et qui cherche Dieu ( Ps., XIII, 2 ) ». C’est donc pour chercher Dieu que l’homme doit avoir de l’intelligence. 3. Nous nous sommes donc assez arrêté aux créatures pour y reconnaître le Créateur : « En effet, ses perfections invisibles, rendues compréhensibles depuis la création du monde par les choses qui ont été faites, sont devenues visibles (Rom., I, 20 ) ». Aussi le livre de la Sagesse adresse-t-il des reproches à ceux qui, « à la vue des biens visibles, n’ont pu connaître Celui qui est, ni, en considérant les œuvres, reconnaître l’ouvrier ; mais qui ont regardé comme des dieux arbitres du monde, le feu, le vent, l’air agité, la multitude des étoiles, les flambeaux du ciel. Que si séduits par leur beauté, ils les ont crus des dieux, qu’ils apprennent combien est plus beau leur Dominateur, puisque, source de la beauté, il les a créés. Et s’ils ont admiré la force et la puissance de ces créatures, qu’ils comprennent, par là, combien est plus puissant celui qui les a faites. Car, par la grandeur et la beauté de la créature, il était possible de connaître le Créateur (Sag., XIII, 1-5 ) ». J’ai cité ce passage de la Sagesse pour qu’aucun fidèle ne m’accuse d’avoir perdu mon temps et ma peine à chercher dans les créatures certaines espèces de trinités, pour m’élever de là graduellement jusqu’à l’âme de l’homme, en quête de vestiges de cette souveraine Trinité, que nous cherchons quand nous cherchons Dieu.
CHAPITRE III.
COURT RÉSUMÉ DE TOUS LES LIVRES PRÉCÉDENTS.
4. Mais comme la nécessité de discuter et de raisonner nous a forcé de dire, dans les quatorze livres précédents, une foule de choses que nous ne pouvons voir d’un seul trait poux les ramener, par une pensée rapide, au but que nous voulons atteindre ; je ferai, avec l’aide du Seigneur, tous mes efforts pour résumer en peu de mots et sans discussion tout ce que j’ai dit jusqu’ici, et pour placer comme dans un tableau synoptique, non plus les raisons qui ont déterminé les conclusions, mais les conclusions elles-mêmes. Par là les conséquents ne seront pas assez éloignés de leurs antécédents, pour les faire oublier ; et si cela arrivait, un simple coup d’œil rétrospectif suffirait à rafraîchir la mémoire.
5. Dans le premier livre, l’unité et l’égalité de la souveraine Trinité ont été démontrées d’après les saintes Ecritures. Dans le second, le troisième et le quatrième, même sujet, sauf qu’on y a spécialement traité de la mission du Fils et du Saint-Esprit, tout en prouvant que celui qui est envoyé n’est pas pour cela moindre que celui qui l’envoie, puisque la Trinité est égale en tout, également immuable et invisible par sa nature, et qu’étant partout, elle opère sans séparation. Dans le cinquième, en vue de ceux qui pensent que la substance du Père et du Fils n’est pas la même, parce qu’ils s’imaginent que tout ce qu’on dit de Dieu regarde la substance, et qu’ainsi engendrer et être engendré, ou être engendré et non engendré n’étant pas la même chose, ces termes supposent diversité de substances, il est démontré que tout ce qu’on dit de Dieu ne tombe pas sur la substance, comme s’il s’agissait, par exemple, de la bonté, de la grandeur ou de tout autre attribut essentiel ; mais qu’il y a aussi des termes relatifs, c’est-à-dire se rapportant non à Dieu même, mais à quelque chose qu’il n’est pas : comme Père qui se rapporte à Fils, ou Seigneur à la créature qui lui est soumise. Et s’il y a là un sens relatif, c’est-à-dire se rapportant à ce qui n’est pas la substance, ce sens est de plus temporel, comme quand on dit : « Seigneur, vous êtes devenu notre refuge(Ps., LXXXIX, 1 ) » ; ce qui ne suppose en Dieu aucun changement, et le laisse permanent et immuable dans sa nature ou son essence. Dans le sixième, on demande comment l’Apôtre a appelé le Christ vertu de Dieu et sagesse de Dieu (I Cor., I, 24 ), tout en remettant à un examen plus approfondi cette question : Celui par qui le Christ est engendré n’est-il point sagesse, mais seulement Père de sa sagesse, ou bien la sagesse a-t-elle engendré la sagesse ? Mais quoi qu’il en puisse être, on a vu dans ce livre qu’il y a égalité dans la Trinité, que Dieu n’est point triple, mais Trinité ; que le Père et le Fils ne sont point chose double vis-à-vis du Saint-Esprit chose simple, et que là, trois ne sont pas quelque chose de plus qu’un. On y a discuté aussi le sens de ces paroles de l’évêque Hilaire : « Eternité dans le Père, beauté dans « l’image, usage dans le don ». Dans le