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que l’on distribue les siècles écoulés par période millénaire, soit qu’on les divise par les grands événements de l’histoire sainte. Ainsi, le premier âge s’étend d’Adam à Noé ; le second, de Noé à Abraham ; le troisième, en suivant l’ordre établi par saint Matthieu, d’Abraham à David ; le quatrième, de David à la captivité de Babylone ; et le cinquième, du retour de la captivité à l’enfantement de la Vierge Marie. En admettant cette division chronologique, on trouve que le sixième âge a commencé à la naissance de Jésus-Christ pour se continuer jusqu’à ce jour qui nous est inconnu, et après lequel il n’y aura plus de temps. Sous un autre rapport, ce nombre six nous représente dans sa triple division, celle des siècles écoulés. Car nous comptons l’ère d’avant la loi, l’ère de la loi, et l’ère de la grâce. C’est en cette dernière que l’homme a reçu le sacrement de la réconciliation, afin que la résurrection générale coïncidant avec le dernier jour de l’univers, il soit alors entièrement renouvelé en la beauté de son âme, et l’infirmité de son corps. Nous pouvons donc reconnaître une figure de l’Église en la personne de cette femme que Jésus-Christ guérit de l’infirmité par laquelle Satan la tenait courbée ( Luc, XIII, 16 ). Car, c’est de ce genre d’ennemis cachés et secrets que se plaint le psalmiste, quand il dit : « Ils ont courbé mon âme ( Ps., LVI, 7 ) ». Or, cette femme était infirme depuis dix-huit ans, c’est-à-dire depuis trois fois six ans. De plus, le nombre des mois qui composent cette période, depuis dix-huit ans, forme un total de deux cent seize ; et ce total lui-même est le produit de six multiplié par trente-six. Nous lisons également dans l’Evangile que depuis trois ans le figuier stérile ne portait point de fruits, et que le jardinier obtint pour lui le délai d’une année, après laquelle il devait être coupé, s’il restait encore infructueux ( Luc, XIII, 6-17 ). Mais ici ces trois années se rapportent aux trois périodes que j’ai signalées, et le nombre des mois forme le carré de six,. c’est-à-dire six fois six. 8. L’année civile elle-même avec son cycle de douze mois, qui comprennent chacun trente jours, selon que les anciens en avaient réglé le cours sur celui de la lune, l’année, dis-je, n’est qu’un multiple du nombre six. Et en effet, de même que six plus quatre font dix, soixante plus quarante font cent, en sorte que soixante est la sixième partie de l’année. Car si nous multiplions ensuite soixante par six, nous obtiendrons trois cent soixante, c’est-à-dire douze mois de trente jours. Toutefois, si le cycle lunaire détermine le nombre des mois, le cours du soleil règle celui de l’année. Or, il reste en plus cinq jours et un quart pour que le soleil et l’année terminent également leur révolution ; mais parce que ce quart multiplié par quatre, donne un jour entier, on l’intercale chaque cinquième année, et de là vient le nom de bis-sextile qui lui est affecté. Enfin ces cinq jours et quart nous offrent d’intimes relations avec le nombre six. D’abord, si nous voulons compter par nombres ronds, nous trouverons six jours plutôt que cinq en prenant le quart pour un jour entier. De plus ces cinq jours forment le sixième du mois, de même que six heures nous donnent le quart du jour. Et en effet un jour entier, c’est-à-dire le jour et la nuit, se compose de vingt-quatre heures, dont le quart est six. Telle est la corrélation du cours de l’année civile avec le nombre six.


CHAPITRE V. LE NOMBRE SIX ET LE TEMPLE DE JÉRUSALEM.

9. On peut encore, et avec raison, appliquer ce même nombre à la résurrection du Sauveur. Car il a dit lui-même, en faisant allusion au temple de Jérusalem : « Détruisez ce temple, et je le rebâtirai en trois jours ». Mais ici le jour est pris pour l’année, selon que lui répondirent les Juifs : « On a mis quarante-six ans à bâtir ce temple (Jean, II, 19, 20 ) ». Or, quarante-six fois six font deux cent soixante-seize, c’est-à-dire neuf mois, et six jours qui sont eux-mêmes comptés pour un mois entier. C’est ainsi que nous disons que la mère porte l’enfant dans son sein pendant dix mois, quoique ce ne soit réellement que neuf mois et quelques jours. Tous les enfants en effet ne naissent point exactement au bout de neuf mois et six jours ; mais cela arriva pour le divin Sauveur, comme nous l’atteste la tradition que l’Église a sanctionnée. Il fut donc conçu et il mourut le huit des calendes d’avril, en sorte que le sépulcre neuf où il fut enseveli, et où personne n’avait été mis, et qui depuis ne reçut personne, est en parfait rapport avec le sein