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l’avènement de Celui qui devait naître et que la promesse regardait. Et cette loi a été donnée au moyen des anges par la main du Médiateur ( Gal., III, 19) ». C’est-à-dire que le Fils de Dieu l’a promulguée lui-même par l’entremise des anges. Car l’incarnation du Verbe n’est point une conséquence nécessaire de sa nature divine, mais un effet de sa puissance. D’ailleurs, une preuve qu’ici l’Apôtre entend par médiateur le Fils de Dieu en tant qu’il a daigné se faire homme, c’est qu’il dit dans un autre endroit : « Il n’y a qu’un Dieu et un médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme (I Tim., II, 5 ) ». Il nous est donc permis de voir Jésus-Christ dans l’immolation de l’agneau pascal, et dans mille autres cérémonies légales qui annonçaient sa naissance, sa passion et sa résurrection. Or, la loi qui les prescrivait, avait été donnée par les anges, et ces anges eux-mêmes représentaient tantôt la Trinité entière, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, sans distinction aucune des personnes, et tantôt le Père séparément, ou le Fils, ou le Saint-Esprit. Au reste en se montrant visiblement sous ces formes sensibles, et en la personne de ses créatures, Dieu ne se révélait point en son essence. Car cette vision est réservée pour le ciel, et sur la terre nous nous efforçons seulement de la mériter par tout ce qui frappe nos yeux et nos oreilles. 27. Mais il me semble que j’ai suffisamment développé et prouvé la question qui faisait le sujet de ce livre. Ainsi il demeure démontré par le raisonnement seul, du moins selon moi, et par l’autorité de l’Ecriture, dont j’ai cité plusieurs passages, qu’avant l’incarnation du Sauveur, les diverses apparitions de Dieu aux patriarches et aux prophètes furent l’œuvre des anges. Ce sont eux qui toujours se montrèrent sous des formes corporelles, et qui parlèrent au nom du Seigneur. Quelquefois, comme nous le voyons fréquemment par les prophètes, ils agissaient et parlaient immédiatement au nom et en la personne de Dieu, et quelquefois aussi ils empruntaient le concours rie créatures étrangères, pour mieux signifier aux hommes la présence du Seigneur. Nos livres saints nous attestent que ce dernier mode d’apparition ne fut pas inconnu aux prophètes. C’est pourquoi il convient de traiter maintenant des apparitions divines que nous raconte le Nouveau Testament. Ainsi le Fils de Dieu est né d’une Vierge, et l’Esprit-Saint s’est montré sous la forme d’une colombe au baptême de Jésus-Christ, de même qu’après l’ascension, et au jour de la Pentecôte, il s’annonça par un grand vent, et parut sous l’emblème de langues de feu. Néanmoins, constatons tout d’abord que le Verbe de Dieu ne s’est point montré à nous en cette essence divine qui le rend égal et coéternel à son Père. Il faut en dire autant de l’Esprit-Saint, qui par sa nature est égal et coéternel au Père et au Fils. Mais l’un et l’autre se sont montrés par l’intermédiaire d’une créature qui a été créée et formée tout exprès pour frapper nos regards et nos sens. Toutefois il existe une grande différence entre les apparitions anciennes du Fils et du Saint-Esprit, et les propriétés qui se manifestent en eux dans le nouveau testament, quoique les unes et les autres aient eu lieu au moyen d’une créature corporelle et visible. Or, c’est à expliquer cette différence que je consacre le livre suivant.