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reconnaître la divinité, puisque l’Apôtre dit « qu’il est le Dieu au-dessus de toutes choses, et béni dans tous les siècles ». Enfin le Saint-Esprit est Dieu, car le même Apôtre écrit aux Corinthiens : « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit, qui réside en vous, et que vous avez reçu de Dieu ? glorifiez donc Dieu en votre corps ( I Cor., VI, 19, 20 ) ». Or, comme ces trois personnes, ainsi que nous l’enseigne la foi catholique, ns sont qu’un seul Dieu, il n’est pas facile de déterminer laquelle des trois représentait cet ange, ni même de décider s’il ne figurait point la Trinité entière. Mais voulez-vous ne voir ici que l’union passagère à une créature formée pour la circonstance présente, rendue capable de frapper l’œil et l’oreille de Moïse, et portant les noms d’ange du Seigneur, et même de Dieu et de Seigneur, vous ne sauriez dire qu’elle représentait le Père, mais seulement le Fils ou l’Esprit.. Saint. Cependant l’Ecriture n’appelle nulle part l’Esprit-Saint l’Ange du Seigneur, quoique ce nom convienne à ses diverses opérations, car d’un côté le Sauveur a dit de lui « qu’il annoncerait ce qui doit arriver ( Jean, XVI, 13 ) », et de. l’autre le mot ange signifie envoyé. Quant à Jésus-Christ, le Prophète le nomme expressément « l’Ange du grand conseil ( Isa. IX, 6 ) ». Au reste c’est un article de foi, que l’Esprit-Saint et le Fils sont comme Dieu au-dessus des anges.


CHAPITRE XIV.

LA COLONNE DE FEU.


24. Nous lisons encore que lorsque les Hébreux sortirent de l’Égypte, « le Seigneur les précédait durant le jour en une colonne de nuée, pour leur montrer la voie, et durant la nuit, en une colonne de feu. Et jamais, ajoute l’écrivain sacré, la-colonne de nuée ne cessa de paraître devant le peuple durant le jour, ni la colonne de feu durant la nuit ( Exod., XIII, 21, 22. ) ». Qui pourrait ici douter que Dieu n’ait alors apparu aux yeux des Israélites par l’intermédiaire d’une créature sensible et corporelle, et non point en sa propre substance ? Mais était-ce le Père, ou le Fils, ou l’Esprit-Saint, ou bien n’était-ce pas la Trinité tout entière ? C’est ce qu’on ne saurait affirmer. Selon moi, on ne peut même tirer à cet égard aucune lumière du passage où il est dit que « la gloire du Seigneur apparut dans la nuée, et que le Seigneur parlant à Moïse, lui dit : J’ai entendu les murmures des enfants d’Israël ( Exod., XVI, 10-12 ) ».


CHAPITRE XV.

LE MONT SINAÏ.

25. Quant aux prodiges qui éclatèrent sur le mont Sinaï, l’on connaît assez la nuée lumineuse, les éclats de la foudre, le bruit des voix et des trompettes, et les tourbillons de fumée. D’ailleurs, voici le texte même du livre de l’Exode : « Tout le mont Sinaï fumait, parce que le Seigneur y était descendu au milieu du feu, et la fumée de ce feu montait comme d’une fournaise ; tout le peuple fut grandement épouvanté, et le son de la trompette augmentait de plus en plus, et Moïse parlait, et Dieu lui répondait (Id., XIX, 18, 19) ». L’écrivain sacré dit encore, après avoir raconté la promulgation des dix commandements de la loi, que « le peuple voyait les éclairs et la fumée de la montagne, et qu’il entendait le tonnerre et le son de la trompette. Il se tint donc au loin, ajoute-t-il un peu plus bas ; mais Moïse entra dans la nuée où était Dieu, et Dieu parla à Moïse( Id., XX, 18, 21 ) ». Que dirai-je ici ? Mais d’abord qui serait assez insensé pour croire que la fumée, le feu, la nuée, et les autres prodiges étaient la substance même du Saint-Esprit, ou la personne du Verbe divin que nous nommons le Christ et la Sagesse de Dieu ? Quant à y voir Dieu le Père, les Ariens eux-mêmes n’ont jamais osé le dire. Ainsi tous ces prodiges se réalisèrent par l’intermédiaire de différentes créatures qui, soumises au Créateur, en rendaient la présence sensible aux yeux des Israélites. Néanmoins, parce qu’il est dit « que Moïse entra dans la nuée où était « Dieu », quelques-uns croient qu’il vit réellement de ses propres yeux la substance du Fils, tandis que le peuple n’apercevait que la nuée. Mais ce n’est ici qu’une folle imagination des hérétiques. Eh quoi ! Moïse aurait vu de ses propres yeux la substance du Verbe éternel, que nous nommons le Christ et la Sagesse de Dieu, lorsque nous ne pouvons même voir l’âme d’un sage, ni de tout autre homme ! Sans doute il est écrit des vieillards d’Israël, « qu’ils virent le