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ou signifier que le Fils, en tant qu’homme, est inférieur au Père, ou affirmer que quoique parfaitement égal au Père, il est sorti de son sein. Dans ce cas, et si la difficulté ne peut être levée, je pense qu’on peut en toute sûreté entendre ces passages de Jésus-Christ, et comme homme et comme Dieu. En voici un exemple : « Ma doctrine, dit Jésus-Christ, n’est pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé (Jean, VII, 16) ». Or, cette parole peut s’appliquer à Jésus-Christ comme homme, ainsi que je l’ai démontré dans le livre précédent (Voyez Livre I, chap. 2) et aussi à Jésus-Christ comme Dieu, et en cette qualité égal au Père, quoiqu’il soit né du Père. Et, en effet, en tant que Jésus-Christ est Dieu, il ne faut pas distinguer en lui l’être et la vie, puisqu’il est lui-même la vie ; et de même on ne doit point séparer en lui la doctrine de la personne, parce qu’il est lui-même la doctrine céleste. Précédemment nous avons vu que cette parole : « Le Père a donné au Fils d’avoir la vie en soi », signifiait que le Père a engendré un Fils qui est lui-même la vie ; et c’est ainsi que cette autre parole : « Ma doctrine n’est pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé », indique que le Père a engendré un Fils qui est lui-même la doctrine céleste. En formulant cette affirmation, Jésus-Christ voulait dire : Je ne me suis point moi-même donné l’être, mais je l’ai reçu de celui qui m’a envoyé.


CHAPITRE III.

L’ESPRIT-SAINT PROCÈDE DU PÈRE ET DU FILS.


5. Quant à l’Esprit-Saint, nous ne saurions sans doute dire « qu’il s’est anéanti lui-même en prenant la forme d’esclave ». Et néanmoins à son égard Jésus-Christ s’exprime ainsi : « Lorsque l’Esprit de vérité sera venu, il vous enseignera toute vérité ; car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir. Il me glorifiera, parce qu’il recevra de ce qui est à moi (Jean, XVI, 13-15). Si le Sauveur n’eût immédiatement ajouté : « Tout ce qui est à mon Père, est à moi ; c’est pourquoi je vous ai dit que l’Esprit recevra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera », peut-être eussions-nous cru que l’Esprit-Saint était né du Fils, comme celui-ci est né du Père. Et, en effet, il avait dit en parlant de lui-même : « Ma doctrine n’est pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé », et en parlant de l’Esprit-Saint : « Il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu’il a entendu » ; et encore : « Il recevra de ce qui est à moi, et il vous l’annoncera ». Toutefois, parce que le Sauveur explique ainsi cette dernière parole : « Il recevra de ce qui est à moi », en disant : « Tout ce qui est au Père est à moi, c’est pourquoi je vous ai dit que l’Esprit recevra de moi, et vous l’annoncera », nous ne pouvons pas ne point comprendre que l’Esprit-Saint recevra également du Père et du Fils. Telle est, en effet, la conséquence rigoureuse de ces paroles : « Lorsque le Consolateur sera venu, cet Esprit de vérité qui procède du Père, et que je vous enverrai de la part de mon Père, rendra témoignage de moi (Jean, XV, 26) ». C’est donc comme procédant du Père que cet Esprit de vérité ne parle pas de lui-même, Mais ici il est utile de rappeler que le Fils n’est point inférieur au Père, parce qu’il a dit : « Le Fils ne peut rien faire par lui-même, qu’il ne le voie faire au Père (Id., V, 19 ) ». Car il a prononcé ces paroles non comme homme, mais comme Dieu, ainsi que je l’ai prouvé, et c’est pourquoi elles signifient, non que le Fils est inférieur au Père, mais qu’il est engendré du Père. Et de même l’Esprit-Saint ne cesse point d’être égal au Père et au Fils, parce que Jésus-Christ a dit « qu’il ne parlera pas de lui-même, mais qu’il dira tout ce qu’il aura entendu ». Cette parole indique seulement que l’Esprit-Saint procède du Père. Mais puisque le Fils est né du Père, et que l’Esprit-Saint procède du Père, pourquoi ne les nommons-nous pas tous deux fils, engendrés ? Je me réserve de répondre plus tard à cette question, et de prouver, si le Seigneur m’en fait la grâce, que le Fils est Fils unique du Père, et que l’Esprit-Saint, quoique procédant du Père, n’en vient point par voie de filiation, ni de génération (Voyez livre XV, ch. XXV).


CHAPITRE IV.

LE FILS GLORIFIÉ PAR LE PÈRE.

6. Et maintenant secouez votre sommeil, si vous le pouvez, ô vous qui vous flattez d’appuyer l’infériorité du Fils à l’égard du Père sur cette parole : « Père, glorifiez-moi (Jean, XVII, 1 ) ». Eh quoi ! voilà que l’Esprit-Saint lui-même